La gourmandise, ce péché capital des femmes : pourquoi les « mangeuses » dérangent tant ?

La « mangeuse » dérange, questionne, détonne. Pourquoi, au cours de l’Histoire, a-t-on autant contrôlé les femmes dans leur rapport à la nourriture ? Objectivées, frustrées, elles ont intégré l’interdiction de manger à leur faim. Lauren Malka, autrice de « Mangeuses » (ed. Les Pérégrines), nous explique les mécanismes à l’œuvre.
ELLE. Pourquoi les femmes qui mangent font si peur ?
Lauren Malka. L’idée de la femme dangereuse vient d’un mélange de fantasme et d’horreur, d’une vision fantasmée et terrifiante des femmes qui mangent. Dans la mythologie grecque, Pandore est décrite par Hésiode avec un corps superbe mais qui cache un ventre énorme, un estomac de « chienne ». L’idée étant d’imaginer les femmes comme trichant avec leur apparence et qui, sous des dehors séduisants, cachent un appétit vorace et dangereux.
« Attention, disent ces écrits aux hommes qui les lisent, ces femmes vont vider vos provisions et votre appétit sexuel ! » Déjà dans la mythologie grecque, avant même l’apparition de la Bible, on trouve une association entre le péché de gourmandise et la luxure. Le premier vice mène au deuxième. Cette idée se cristallise et se transmet avec l’image d’Eve, qui croque la pomme, la tend à Adam et mène l’humanité au désastre.
ELLE. Contrôler les femmes à travers la nourriture est donc une entreprise ancienne ?
L.M. La femme est-elle davantage coupable que l’homme du péché originel ?...