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Des "assises de lutte contre l'antisémitisme" pour provoquer un "sursaut collectif"

Des "assises de lutte contre l'antisémitisme" pour provoquer un "sursaut collectif"
Publié le 06 mai 2024 à 14:51, mis à jour le 06 mai 2024 à 14:52

Paris (AFP) - Le gouvernement a lancé lundi des "assises de lutte contre l'antisémitisme" pour susciter un "sursaut collectif" face à un phénomène qui alarme la communauté juive, alors que le traditionnel dîner du Crif se tient dans la soirée.

"Il est urgent que chacun s'engage, en responsabilité, contre l'antisémitisme", a affirmé la ministre de la Lutte contre les discriminations Aurore Bergé à l'issue de cette rencontre réunissant à Paris des responsables d'associations et les représentants des principaux cultes.

La rencontre se voulait "un point de départ" pour "créer les conditions d'un sursaut collectif", a ajouté la ministre, qui a confié à l'universitaire Marie-Anne Matard-Bonucci, professeure d'histoire contemporaine à Paris 8, la rédaction d'un "manifeste" définissant "un minimum commun sur lequel il ne devrait jamais être possible de transiger".

Annoncées en mars, ces assises se tenaient dans un contexte où le nombre d'actes antisémites recensés en France a presque quadruplé l'an dernier, à 1.676 contre 436 en 2022.

La table ronde a débuté par des témoignages vidéo de victimes de l'antisémitisme: une enfant racontant qu'une autre n'a pas voulu partager sa chambre parce qu'elle était juive, une jeune femme insultée dans le métro, un étudiant visé par un salut nazi...

- "Combat politique"-

Soulignant "le rajeunissement du phénomène", nourri selon lui d'une "haine d'Israël", le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) Yonathan Arfi a déploré "une acceptabilité sociale de l'antisémitisme beaucoup plus grande qu'avant", et souligné l'importance de la société civile pour "mettre en mouvement une nouvelle dynamique" afin de le combattre.

"Plus encore qu'une assignation, c'est à une +essentialisation+ des Français juifs que nous assistons depuis le 7 octobre", date de l'attaque du Hamas contre Israël, a affirmé le président du Consistoire central Elie Korchia.

Mais "l'antisémitisme n'est pas que l'affaire des juifs, c'est l'affaire de la France", a rappelé le président du Fonds social juif unifié (FSJU) Ariel Goldmann, tandis que le président de la Licra Mario Stasi y voyait un "combat politique".

Quelques jours après des mobilisations propalestiniennes dans le monde étudiant, notamment à Sciences Po, le président de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) Samuel Lejoyeux a averti: "la défense de la cause palestinienne n'est pas un antisémitisme, mais elle ne doit pas le justifier".

Selon une enquête de l'Ifop pour l'antenne française de l'American Jewish Committee (AJC) publiée dimanche dans le Parisien, 94% des Français de confession juive estiment que l'antisémitisme a progressé depuis une dizaine d'années (+21 points par rapport à 2022). 

"Le 7 octobre fait exploser une barrière mémorielle, éthique, politique", a commenté le politologue Dominique Reynié, appelant à "s'y prendre très très vite" car "la progression du mal est phénoménale".

- Dîner du Crif -

Au niveau mondial, la Ligue antidiffamation (ADL), principal groupe de défense des droits des juifs, s'est alarmée dimanche du "niveau sans précédent" d'actes antisémites enregistrés en 2023, la guerre entre le Hamas et Israël alimentant un "incendie qui était déjà hors de contrôle".

Egalement invités à la table ronde, les responsables des cultes ont dit leur solidarité, l'archevêque de Rennes Pierre d'Ornellas rappelant le "lien" et l'"amitié" entre juifs et catholiques.

Le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz, qui avait été très critiqué pour son absence à la marche contre l'antisémitisme le 12 novembre, a rappelé que la Grande mosquée avait "toujours été aux côtés des juifs lorsqu'ils ont été attaqués"."Je défie quiconque de montrer que l'islam ou le Coran est antisémite", a-t-il ajouté.

Parmi les propositions concrètes, le président de la Fédération protestante de France Christian Krieger a plaidé pour un meilleur enseignement du fait religieux et pour une "journée de la fraternité" le 4 février, comme le fait l'ONU.

En revanche, aucun responsable politique n'était présent pour "dépassionner politiquement le sujet" à l'approche des élections européennes du 9 juin, selon le ministère.Une deuxième session réunissant des parlementaires sera organisée fin juin.

Ces inquiétudes devraient être répétées lundi soir lors du traditionnel dîner annuel du Crif, qui se tiendra en présence du Premier ministre Gabriel Attal.

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