Reportage le long du Tigre, ligne de vie de 1950 km

De sa source, en Turquie, à son embouchure, en Irak, nos reporters ont suivi le grand fleuve qui a vu naître, entre autres, l’agriculture et l’écriture. Une artère vitale de 1 950 kilomètres, prise aujourd’hui dans les tourments du monde.

Au coeur des monts Taurus, dans le sud-est de la Turquie, nous crapahutons péniblement sur des sentiers étroits que seuls les chèvres et les bergers ont l’habitude de fouler. Nous sommes à la mi-mars et les pluies de l’hiver ont rendu la roche glissante. Dans ce décor de basalte, nous bataillons parmi les buissons d’épines du Christ, dont les tiges ondulantes chargées de graines séchées claquent au vent comme des maracas. Le grondement de l’eau, encore invisible, se fait de plus en plus puissant. Il semble parfois provenir de sous nos pieds, puis du ciel, puis de partout à la fois. Les nuages s’amoncellent, assombrissent le paysage. Soudain, le chemin s’interrompt au bord d’un précipice. Nous avançons jusqu’au bord et regardons par-dessus le vide, chacun retenant l’autre par la manche pour ne pas tomber.

Le Tigre fut fréquenté par les Assyriens, Grecs, Arméniens, Byzantins, Romains et Ottomans

Le Tigre apparaît enfin, embryon de cours d’eau zigzaguant (...)