Huit nourrissons britanniques conçus avec l’ADN de trois personnes naissent sans maladie génétique

Huit nourrissons sont nés au Royaume-Uni grâce à une technique innovante impliquant l’ADN de trois personnes. Cette avancée médicale vise à prévenir la transmission de maladies génétiques graves et offre un nouvel espoir aux familles concernées.
Tl;dr
- Naissance de huit bébés exempts de maladie mitochondriale.
- Technique innovante : FIV à trois parents utilisant un ovocyte donneur.
- Suivi nécessaire sur le long terme pour les générations futures.
Une avancée inédite pour la médecine reproductive
L’annonce fait sensation outre-Manche : huit enfants, tous en parfaite santé, sont venus au monde grâce à une méthode révolutionnaire, la FIV à trois parents. Ce procédé, mis au point par les équipes de l’Université de Newcastle, offre un espoir tangible aux familles menacées par des maladies mitochondriales héréditaires, connues pour provoquer des défaillances d’organes précoces et parfois fatales.
D’un point de vue clinique, jamais jusqu’ici on n’avait observé une telle réussite : aucun des nouveau-nés ne présente le moindre signe de la maladie.
Les secrets du « trois-parents » : comprendre la technique
Comment fonctionne ce traitement ? Pour résumer, les scientifiques transfèrent le matériel génétique des deux parents – le fameux ADN nucléaire – dans un ovocyte sain d’une donneuse, débarrassé préalablement de son noyau mais contenant encore ses mitochondries intactes.
Cette greffe cellulaire permet de concevoir un embryon porteur des traits génétiques parentaux, tout en évitant la transmission des mutations responsables des maladies mitochondriales. À noter que la part d’ADN issue du donneur reste infime (0,02 à 1%), insuffisante pour influencer apparence ou caractère.
Des résultats prometteurs mais des questions persistantes
Le protocole, validé par la Human Fertilisation and Embryology Authority (HFEA), s’est limité à 22 femmes identifiées comme présentant un fort risque génétique. Sept grossesses ont abouti avec succès : quatre garçons, quatre filles dont une paire de jumeaux. Si cinq nourrissons ne possèdent aucune trace détectable de mitochondries mutées, trois affichent des taux faibles – largement sous le seuil pathologique. Tous évoluent normalement, hormis quelques soucis bénins sans lien avec les mitochondries.
Parmi les précautions prises :
- Chaque dossier est analysé individuellement par l’HFEA.
- L’intervention n’est autorisée qu’à l’Université de Newcastle, unique centre agréé en Grande-Bretagne.
- Aucune implantation n’est pratiquée sans risque avéré et validé médicalement.
Perspectives et vigilance éthique
Même si cette percée scientifique britannique marque une rupture majeure dans la prévention des troubles mitochondriaux héréditaires, elle impose une surveillance continue.
Comme l’a rappelé un parent engagé dont l’enfant a succombé à cette maladie tragique, la vigilance reste de mise puisque l’ADN mitochondrial se transmettra aux futures descendantes féminines. Loin du sensationnalisme, chercheurs et bioéthiciens soulignent que ces enfants feront l’objet d’un suivi attentif dans les années à venir afin d’écarter tout risque imprévu pour leur santé ou celle des générations suivantes.
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