Face à la fronde des éditeurs, Wikipédia suspend ses résumés générés par l’IA

Wikipedia a suspendu l’affichage de résumés générés par intelligence artificielle sur ses pages, après de vives critiques de la part de sa communauté d’éditeurs, qui remettent en cause la fiabilité et la pertinence de cette fonctionnalité expérimentale.

L’expérience controversée des résumés IA sur Wikipedia

L’initiative de la Wikimedia Foundation (WMF) visant à intégrer des résumés générés par intelligence artificielle en tête d’article n’a pas fait long feu. Plus tôt ce mois-ci, l’organisation avait discrètement lancé cette fonctionnalité expérimentale sur son application mobile, la proposant à 10 % de ses utilisateurs mobiles volontaires. Toutefois, le test n’aura duré qu’une journée, tant la réaction fut vive.

Des retours cinglants de la communauté éditoriale

La grogne des contributeurs ne s’est pas fait attendre. Sur la page d’annonce officielle, les réactions allaient du simple « Yuck » à l’inquiétude plus profonde : « S’il vous plaît, ne testez pas cela, ni sur mobile ni ailleurs. Ce serait un tort immédiat et irréversible pour nos lecteurs et notre réputation de source sérieuse. » Le ton était donné ; certains craignaient que l’image de sobriété et de fiabilité associée à Wikipedia ne soit ternie par une précipitation vers les solutions automatisées déjà adoptées par d’autres géants du web.

De nombreux éditeurs ont également déploré un manque total de concertation dans le processus. L’un d’eux s’est offusqué : « Vous parlez de ‘discussion’, mais le seul participant est l’employé qui a lancé le sujet ! » Cette absence de dialogue préalable a largement alimenté la frustration.

Plaidoyer pour un usage réfléchi de l’IA

Face à cette levée de boucliers, la Wikimedia Foundation a préféré faire machine arrière. Un porte-parole reconnaît : « C’est grâce aux retours réfléchis que nous ajustons parfois notre trajectoire – cela fait partie intégrante du modèle collaboratif de Wikipedia. » Il précise également que si l’organisation reste attentive aux besoins du public – notamment le souhait d’obtenir un aperçu rapide des sujets –, toute nouvelle expérimentation impliquant l’IA générative devra désormais inclure les éditeurs dès sa conception.

Par ailleurs, il est rappelé que le niveau moyen de lecture des adultes anglophones natifs correspond à celui d’un adolescent de 14 ou 15 ans, ce qui explique en partie la volonté initiale d’apporter une synthèse simplifiée.

Avenir incertain mais débat relancé

Si aucune date n’est avancée pour une éventuelle relance du projet, la direction assure qu’aucune fonction basée sur l’IA ne sera déployée sans une large implication des membres actifs. Une promesse censée apaiser les inquiétudes… au moins pour quelque temps. À travers cet épisode, c’est aussi la place du numérique automatisé dans le partage du savoir collectif qui se trouve questionnée – et rien n’indique que le débat soit clos.