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Aimé Jacquet, la décision radicale

Aimé Jacquet, la décision radicale
Publié le 08 juin 2024 à 09:00, mis à jour le 08 juin 2024 à 07:10
Aimé Jacquet est un homme fidèle à ses principes. Après avoir disputé les éliminatoires sans eux, ou presque, le sélectionneur des Bleus a décidé de se passer de David Ginola, Jean-Pierre Papin et surtout Eric Cantona pour l'Euro 1996. Voici le premier épisode de nos rétros avant l'Euro 2024.
La réponse est tombée un dimanche. Le 19 mai 1996, quelques heures après la victoire d'Olivier Panis au Grand Prix de Monaco de F1, Aimé Jacquet annonçait sa liste pour l'Euro à venir en Angleterre. Dans celle-ci, 22 noms. Mais pas d'Eric Cantona, privé du voyage dans sa terre d'adoption footballistique.

C'était attendu, dans la mesure où le "King" n'avait plus été sélectionné depuis janvier 1995. Mais encore fallait-il que Jacquet aille au bout de ses idées, ce qu'il a a fait, en assumant sa position. "Il a été à la fois facile et difficile à faire: facile, parce que j'ai suivi mes idées, gardé mes convictions, parce que je me suis déterminé professionnellement à partir des acquis, du terrain. Difficile, parce qu'en tant que sélectionneur il faut prendre ses responsabilités, éliminer des garçons qui ont réalisé une belle saison", expliquait-il ce jour-là.



Pas Cantona, donc. Mais Jacquet, bon communicant, veut faire en sorte que la presse ne s'attarde pas uniquement sur le cas de l'idole de Manchester United. "Ce n'est pas le seul absent, justifiera-t-il, d'autres joueurs talentueux ne sont pas là. Je pense à Paul Le Guen, à David Ginola, à Jean-Pierre Papin, à Manu Petit, à Jean-Michel Ferri."

Cantona, la suspension qui change tout


Pour Papin, qui sort de deux saisons pourries par les blessures avec le Bayern Munich, la décision a été facile à prendre. Pour Ginola, qui vient d'être élu dans l'équipe-type de Premier League avec Newcastle, le choix est moins évident à prendre, même si l'ancien Parisien est un solide qui n'a toujours trouvé sa place chez les Bleus (17 sélections), au-delà de l'évident traumatisme France-Bulgarie. Pour Cantona, la fracture a eu lieu le 25 janvier 1995 avec ce fameux coup de pied sur un spectateur, à Crystal Palace, qui lui vaudra une suspension de neuf mois.



C'est un coup dur pour Aimé Jacquet, qui avait fait de "Cantona" son capitaine au début de son mandat. Après cet incident, on ne reverra plus jamais l'ancien Marseillais en équipe de France. Puisqu'il a du faire sans lui, Jacquet a installé de nouveaux joueurs, avec quelques matches marquants dans la campagne des qualifications pour l'Euro 1996. On peut penser au fameux 10-0 contre l'Azerbaïdjan à Auxerre, le premier match où Zinedine Zidane et Youri Djorkaeff sont alignés ensemble dès le coup d'envoi. Ou à ce succès 3-1 en Roumanie, avec encore le duo Zidane-Djorkaeff à la création.

Jacquet a choisi ses hommes


Aimé Jacquet avait trouvé ses hommes, son équipe. Et il a décidé de rester fidèle à ses principes, ceux qu'il a mis en place lorsqu'il est arrivé à la tête des Bleus, après le fiasco de 1993. "J'ai pris une décision, je l'assume, ce n'est pas facile, expliquera-t-il au moment de l'annonce de la liste pour l'Euro 1996. Mais je veux mériter la confiance des gens qui m'ont mis à ce poste, je ne veux pas décevoir les entraîneurs avec lesquels je suis en contact régulier, je veux rester crédible à l'égard des autres joueurs, en tenant le même langage que celui que je tiens depuis deux ans."

Lors de cet Euro en Angleterre, les Bleus iront jusqu'en demi-finales, battus aux tirs au but par la République tchèque. Mais les bases de 1998 sont posées. Sur les 22 joueurs retenus pour le championnat d'Europe anglais, 12 seront de l'aventure deux ans plus tard pour la Coupe du monde. Dont une bonne partie de l'ossature de l'équipe championne du monde, et notamment cet attelage Zidane-Dugarry, que Jacquet a préféré à Cantona, Ginola & Co. Bien lui en a pris.
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