Comment se nourrissent les skippers ?
Publié le , mis à jour le
Pour donner de la force, de l’énergie, du moral…, la nourriture est un élément extrêmement important lors d’un tour du monde à la voile. Marie-Caroline Savelieff, diététicienne nutritionniste, auteure du « Grand livre de l'alimentation du sportif » ayant collaboré au Meatlab Charal, nous livre les spécificités du Vendée Globe en termes de nutrition.
Marie-Caroline Savelieff, quelles sont les spécificités d’une course autour du monde en termes de nutrition ?
Il y en a principalement trois. D’abord, les variations de climat. Dès qu’il fait très froid, les besoins énergétiques sont très fortement augmentés. On peut monter à 5000 voire 7000 calories quand les skippers sont en conditions climatiques froides, alors que dans conditions climatiques chaudes, ils sont plus sur 3500, 4000 calories par jour. Quand il fait plus froid, il faut aussi des aliments réconfortants, comme des tartiflettes (le chef Eric Guérin en a notamment préparé pour Yoann Richomme, ainsi que du foie gras, ndlr), des petits salés aux lentilles… Mais ça peut prendre de la place, et c’est une autre spécificité de la voile, c’est que pour aller vite, il faut être plutôt léger. En moyenne, ils embarquent entre 100 et 200kg d’alimentation pour trois mois. La troisième spécificité, c’est le type d’activité physique. C’est une activité intense, qui dépense énormément de calories, mais il y aussi des phases d’inertie, avec une perte de masse musculaire, donc il faut optimiser au maximum les apports en protéines pour maintenir la masse musculaire. Il y a peu d’activité au niveau du bas du corps, mais sur le haut, c’est très explosif, et on casse beaucoup de fibres musculaires, donc il faut les réparer. Il faut aussi des protéines pour le maintien de l’attention, via de la viande séchée notamment, ce qui permettra aussi d’avoir des apports en sel.
On parle souvent d’aliments déshydratés ou lyophilisés, quelle est la différence ?
La différence, c’est que grâce au lyophilisé, plus de valeurs énergétiques sont conservées d’un point de vue qualificatif. Quand le produit est déshydraté, on chauffe à haute température, et dans ce cas des qualités nutritionnelles sont perdues. Il faut varier les deux. Dès qu’on lyophilise, on perd quasiment trois-quarts du poids. Avant, on était beaucoup plus sur du déshydraté, mais désormais, on a multiplié la gamme en lyophilisé. On peut déshydrater ou lyophiliser maison, mais les marques utilisent aussi l’expérience des navigateurs.
Les skippers doivent-ils embarquer des aliments purement pour le plaisir, pour leur remonter le moral ?
On aura toujours des aliments plaisir. Chez certains ce sera du saucisson, chez d’autres des petits gâteaux, des choses qui sont réconfortantes, ou sur un jour de fête, une petite bouteille d’alcool, mais ce ne sera pas au quotidien. On peut avoir un très gros mental, mais dans toutes les courses extrêmes, il faut des aliments plaisir. Il ne faut pas uniquement se focaliser sur l’apport calorique macro et micro-nutritionnel. Il faut aussi tester les aliments avant, car ce qui est déshydraté, lyophilisé, n’a pas forcément le même goût.
Quid de l’eau ?
L’eau désalinisée n’a pas forcément un très bon goût donc on peut avoir des exhausteurs de goût, et pour avoir un bon rapport qualité micro-nutritionnelle – envie de boire, on peut mettre, par exemple, du citron concentré. Ce sera un gros apport en vitamine C, la principale vitamine anti-oxydante, qui aide la récupération, qui aide à l’absorption du fer.
Faut-il prendre du poids avant le départ, afin de compenser les pertes durant la course ?
On ne sait jamais trop combien de temps on va partir, et comme on ne veut pas trop se charger, il y a des risques, sur la fin, de ne plus avoir suffisamment de nourriture, et donc de perdre du poids. Avant, les skippers, comme pour toutes les courses longue distance, arrivaient assez affûtés, maintenant, certains partent du principe qu’ils risquent de perdre un peu de poids, ils préfèrent anticiper en prenant un petit peu de poids.
En mer, faut-il s’obliger à avoir trois repas par jour comme sur terre, sachant que les périodes de sommeil sont saccadées ?
Il faut arriver à avoir des phases de sommeil récupératrices. Les hormones de croissance, qui permettent la reconstruction des fibres musculaires, c’est durant le sommeil qu’elles se fabriquent. Le sommeil est saccadé, mais organisé. Pour l’alimentation, c’est pareil. Il faut essayer de conserver un rythme quotidien, et donc l’équivalent de trois repas par jour, plus des collations. C’est essentiel pour maintenir un certain équilibre. Le petit déjeuner, ça peut être du lait en poudre avec des flocons d’avoine lyophilisés, très énergétiques et facilement consommables, des fruits secs, très énergétiques, riches en protéines et en graisses. Le gras, c’est important pour la protection de la membrane des cellules musculaires, le maintien cognitif, le côté antidépresseur, et c’est énergétique. Lors des collations, on sera plus sur des noisettes, des amandes, ou pourquoi pas de la purée de cacahouètes, qui est ultra-énergétique. Et pendant les repas, ce sera chaud ou froid en fonction des conditions climatiques. Ce n’est pas un repas de fête, mais quelque chose qui tient au corps et qui doit plaire au sportif.
Marie-Caroline Savelieff, quelles sont les spécificités d’une course autour du monde en termes de nutrition ?
Il y en a principalement trois. D’abord, les variations de climat. Dès qu’il fait très froid, les besoins énergétiques sont très fortement augmentés. On peut monter à 5000 voire 7000 calories quand les skippers sont en conditions climatiques froides, alors que dans conditions climatiques chaudes, ils sont plus sur 3500, 4000 calories par jour. Quand il fait plus froid, il faut aussi des aliments réconfortants, comme des tartiflettes (le chef Eric Guérin en a notamment préparé pour Yoann Richomme, ainsi que du foie gras, ndlr), des petits salés aux lentilles… Mais ça peut prendre de la place, et c’est une autre spécificité de la voile, c’est que pour aller vite, il faut être plutôt léger. En moyenne, ils embarquent entre 100 et 200kg d’alimentation pour trois mois. La troisième spécificité, c’est le type d’activité physique. C’est une activité intense, qui dépense énormément de calories, mais il y aussi des phases d’inertie, avec une perte de masse musculaire, donc il faut optimiser au maximum les apports en protéines pour maintenir la masse musculaire. Il y a peu d’activité au niveau du bas du corps, mais sur le haut, c’est très explosif, et on casse beaucoup de fibres musculaires, donc il faut les réparer. Il faut aussi des protéines pour le maintien de l’attention, via de la viande séchée notamment, ce qui permettra aussi d’avoir des apports en sel.
On parle souvent d’aliments déshydratés ou lyophilisés, quelle est la différence ?
La différence, c’est que grâce au lyophilisé, plus de valeurs énergétiques sont conservées d’un point de vue qualificatif. Quand le produit est déshydraté, on chauffe à haute température, et dans ce cas des qualités nutritionnelles sont perdues. Il faut varier les deux. Dès qu’on lyophilise, on perd quasiment trois-quarts du poids. Avant, on était beaucoup plus sur du déshydraté, mais désormais, on a multiplié la gamme en lyophilisé. On peut déshydrater ou lyophiliser maison, mais les marques utilisent aussi l’expérience des navigateurs.
Les skippers doivent-ils embarquer des aliments purement pour le plaisir, pour leur remonter le moral ?
On aura toujours des aliments plaisir. Chez certains ce sera du saucisson, chez d’autres des petits gâteaux, des choses qui sont réconfortantes, ou sur un jour de fête, une petite bouteille d’alcool, mais ce ne sera pas au quotidien. On peut avoir un très gros mental, mais dans toutes les courses extrêmes, il faut des aliments plaisir. Il ne faut pas uniquement se focaliser sur l’apport calorique macro et micro-nutritionnel. Il faut aussi tester les aliments avant, car ce qui est déshydraté, lyophilisé, n’a pas forcément le même goût.
"Il faut essayer de conserver l’équivalent de trois repas par jour"
Quid de l’eau ?
L’eau désalinisée n’a pas forcément un très bon goût donc on peut avoir des exhausteurs de goût, et pour avoir un bon rapport qualité micro-nutritionnelle – envie de boire, on peut mettre, par exemple, du citron concentré. Ce sera un gros apport en vitamine C, la principale vitamine anti-oxydante, qui aide la récupération, qui aide à l’absorption du fer.
Faut-il prendre du poids avant le départ, afin de compenser les pertes durant la course ?
On ne sait jamais trop combien de temps on va partir, et comme on ne veut pas trop se charger, il y a des risques, sur la fin, de ne plus avoir suffisamment de nourriture, et donc de perdre du poids. Avant, les skippers, comme pour toutes les courses longue distance, arrivaient assez affûtés, maintenant, certains partent du principe qu’ils risquent de perdre un peu de poids, ils préfèrent anticiper en prenant un petit peu de poids.
En mer, faut-il s’obliger à avoir trois repas par jour comme sur terre, sachant que les périodes de sommeil sont saccadées ?
Il faut arriver à avoir des phases de sommeil récupératrices. Les hormones de croissance, qui permettent la reconstruction des fibres musculaires, c’est durant le sommeil qu’elles se fabriquent. Le sommeil est saccadé, mais organisé. Pour l’alimentation, c’est pareil. Il faut essayer de conserver un rythme quotidien, et donc l’équivalent de trois repas par jour, plus des collations. C’est essentiel pour maintenir un certain équilibre. Le petit déjeuner, ça peut être du lait en poudre avec des flocons d’avoine lyophilisés, très énergétiques et facilement consommables, des fruits secs, très énergétiques, riches en protéines et en graisses. Le gras, c’est important pour la protection de la membrane des cellules musculaires, le maintien cognitif, le côté antidépresseur, et c’est énergétique. Lors des collations, on sera plus sur des noisettes, des amandes, ou pourquoi pas de la purée de cacahouètes, qui est ultra-énergétique. Et pendant les repas, ce sera chaud ou froid en fonction des conditions climatiques. Ce n’est pas un repas de fête, mais quelque chose qui tient au corps et qui doit plaire au sportif.
Publicité