En corps heureux : « J’ai souvent été la pote toxique de mon corps »

Tous les quinze jours, un témoin nous raconte sa relation avec son corps. Son rapport à la douleur, aux regards, à la nudité et au plaisir, l’histoire de son poids et celle de sa peau. Cette semaine, nous écoutons celle de Marjolaine Solaro, 46 ans, romancière.
Si je devais résumer, je dirais que mon corps est mon meilleur ami et que moi, j’ai souvent été sa pote toxique qui le ghoste, n’écoute pas ses conseils et tente de le faire culpabiliser. Mais nous sommes tout de même sur la bonne voie ! Tous les drapeaux rouges qu’il m’a tendus tout au long de ma vie m’ont interrogée, bousculée, éclairée, alignée, même si ça nous a parfois pris du temps de nous comprendre. Et le plus décisif de ces drapeaux rouges a clairement été brandi au moment de ma deuxième grossesse. À 5 mois, je suis tombée très malade, une jaunisse. J’ai dû être hospitalisée pendant huit semaines et ma fille est née prématurée. Ce corps qui m’avait suivie dans tous mes rythmes effrénés en tant que sportive de haut niveau puis jeune journaliste travaillant comme une folle, je lui en ai beaucoup voulu de m’avoir lâchée. Alors qu’en déclenchant cette jaunisse, il nous a sauvées, ma fille et moi. Cette grave maladie - et les réactions de ma mère qui craignait que comme elle, je perde un bébé - ont révélé la colère et la douleur transgénérationnelles qui se perpétuaient dans ma famille. Et en réunissant tout ce que je savais de notre « lignée...