La série Sirens a-t-elle ravivé notre appétit pour les teintes dragées ?

Avec Sirens, Netflix signe une dystopie ultra-féminine où la douceur pastel devient le plus redoutable des signaux. Dans ce conte moderne, les couleurs sucrées ne sont plus si innocentes.
Dès les premières secondes, Sirens hypnotise. Créée par Molly Smith Metzel, la série déploie un univers où chaque détail semble avoir été millimétré. Port Haven, île confidentielle à la frontière du réel et de l’imaginaire, est régentée par Michaela Kell ( Julianne Moor, glaciale à souhait), matriarche à l’élégance chirurgicale. On y suit Devon ( Meghann Fahy), jeune femme venue retrouver sa sœur Simone (Milly Alcock), désormais intégrée dans cette société fermée, à mille lieues de la noirceur de son Buffalo natal, où la perfection visuelle n’est pas une coquetterie : c’est une doctrine.
Mais au-delà de l’intrigue, c’est la proposition visuelle qui marque - et qui interroge. Costumée par Caroline Duncan, la série érige le vestiaire en instrument de pouvoir. Teintes dragées, coupes impeccables, matières satinées… À Port Haven, on ne s’habille pas, on se signale. Le rose layette, le vert pistache ou le jaune beurre ne sont pas des choix esthétiques : ce sont des codes d’appartenance. Devon, en outsider vêtue de noir, jure dans le paysage. Simone, déjà formée, s’est coulée dans l’uniforme pastel. Quant à Kiki, incarnation d’un pouvoir assumé, elle ose les aplats chromatiques - rouge vif, blanc pur - avec l’autorité...