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Taxes Trump: un brasseur belge minimise le risque en accélérant ses expéditions

Taxes Trump: un brasseur belge minimise le risque en accélérant ses expéditions
Publié le , mis à jour le

Melle (Belgique) (AFP) - "Il faut jouer la sécurité." Face à la menace de Donald Trump de taxer à 200% les alcools européens, un brasseur belge veut remplir vite un maximum de conteneurs vers les Etats-Unis, où il réalise près de 20% de ses ventes.

A la brasserie Huyghe, qui produit une gamme d'une trentaine de bières dont la plus connue est la Delirium Tremens, le branle-bas de combat a été décrété dès jeudi soir, raconte le PDG Alain De Laet en recevant une équipe de l'AFP.

Depuis lors, le rythme de mise en cartons des bouteilles et le ballet des transpalettes au milieu des montagnes de fûts ne faiblissent pas dans les entrepôts de Melle, près de Gand (nord-ouest), où cette entreprise familiale à son siège.

Jeudi, le président américain a menacé d'imposer des droits de douane de 200% sur les vins et alcools de l'Union européenne, si elle ne retirait pas les taxes de 50% annoncées sur le bourbon américain...En riposte à une première entrée en vigueur de surtaxes sur l'acier et l'aluminium importés aux Etats-Unis.

"200% je ne peux pas faire face!Ça veut dire voir le prix de notre bière tripler aux Etats-Unis, elle devient invendable", fait valoir M. De Laet, en précisant que la "Delirium", une blonde forte titrant 8,5 degrés d'alcool, est déjà une des bières les plus chères du rayon. 

Conséquence: il a décidé en accord avec la patronne de sa filiale américaine de lui envoyer au plus vite tout le stock actuellement disponible en Belgique.L'idée est de constituer outre-Atlantique jusqu'à six mois de réserve, contre trois actuellement.En partant du principe que la surtaxe, si elle est imposée, ne se prolongera pas au-delà de six mois.

"Evidemment si elle est maintenue à long terme c'est la mort de toute exportation vers les Etats-Unis, c'est une belle part de gâteau qui disparaîtrait", poursuit le patron flamand.

- Variétés fruitées -

Concrètement, l'accélération du tempo chez Huyghe consiste à remplir en l'espace d'une semaine une vingtaine de conteneurs qui rallieront Baltimore, sur la côte est américaine, au départ du port d'Anvers.Deux sont déjà partis vendredi.

Sont privilégiées les différentes gammes de Delirium, dont la version sans alcool tout juste sortie sur le marché belge - "sait-on jamais avec Trump" -, ainsi que certaines variétés fruitées tout aussi appréciées des consommateurs américains.

"Avoir notre propre filiale au Etats-Unis, avec 22 personnes qui s'occupent uniquement de la vente, c'est un gros avantage sur les autres (fabricants d'alcools), on peut expédier rapidement sans attendre l'aval d'un importateur", explique M. De Laet.

En Belgique, dont la culture de la bière est classée au patrimoine immatériel mondial de l'Unesco, les quelque 400 brasseries en activité vendent 70% de leur production à l'export.

Au-dessus de la moyenne, la brasserie Huyghe assure réaliser 83% de son chiffre d'affaires hors des frontières, avec la France comme premier marché étranger en volumes.

De manière générale la menace de Donald Trump inquiète le secteur, qui juge comme Alain De Laet que les bières européennes ne devraient pas être épargnées.

"Cela ne va pas tuer le marché, mais en termes d'image et de réputation, c'est un peu pénible car la bière belge reste la référence mondiale", a déclaré vendredi Krishan Maudgal, directeur de la fédération des Brasseurs belges.

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