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SNCF : Recours aux volontaires face aux grévistes, une remise en cause du droit de grève ?

SNCF : Recours aux volontaires face aux grévistes, une remise en cause du droit de grève ?
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Alors que la SNCF fait appel à des volontaires pour assurer la continuité du service durant les mouvements sociaux, la stratégie suscite le débat. Cette pratique interroge sur sa portée et ses conséquences pour le droit de grève dans l’entreprise publique.

Tl;dr

  • Les cadres VAO permettent de limiter l’impact des grèves SNCF.
  • La légalité du procédé reste sujette à interprétation judiciaire.
  • La stratégie questionne l’efficacité future des mouvements sociaux.

L’art de contourner la grève : la SNCF et ses volontaires VAO

Lorsque le 6 mai, Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, se montre confiant face à une grève annoncée comme massive, certains s’interrogent sur l’origine d’une telle sérénité. Plus de 90 % des TGV circuleront finalement durant ce week-end prolongé, malgré des taux de grévistes élevés chez les contrôleurs.

Derrière cette performance, un mécanisme peu connu : le recours aux Volontaires Accompagnement Occasionnel (VAO). Ces cadres formés en urgence prennent temporairement la place des chefs de bord mobilisés pour permettre aux trains de circuler.

Historiquement, les entreprises françaises ont parfois cherché tous les moyens pour briser les mouvements sociaux. Ouvriers déplacés, renforts étrangers ou même réquisition de détenus : ces pratiques appartiennent désormais au passé. Aujourd’hui, la loi interdit strictement le remplacement des grévistes par du personnel extérieur. Pas question, par exemple, d’enrôler des contrôleurs venus de Trenitalia. Cependant, le remplacement en interne — via les cadres VAO — reste possible. Mais ce point divise encore les juristes. Plusieurs tribunaux se sont déjà prononcés dans un sens ou dans l’autre, certains jugeant que cette solution trouble le droit de grève, d’autres l’estimant conforme tant que le poste n’exige pas une compétence réglementée et qu’il ne s’agit pas d’un contournement délibéré.

Des primes attractives et une efficacité redoutée

Dans les faits, ces missions ne manquent pas d’inciter : jusqu’à 50 euros de l’heure pour remplacer ponctuellement un chef de bord lors d’un pont ou d’un week-end férié. Un dispositif qui provoque l’agacement des syndicats ferroviaires ; ils dénoncent la formation express et le salaire élevé accordé à ces « mercenaires briseurs de grève ».

À noter tout de même : certaines fonctions demeurent plus difficiles à remplacer que d’autres — être conducteur, par exemple, suppose bien davantage de responsabilités.

L’avenir du rapport de force social en question

Pour nombre d’experts et d’acteurs du secteur, une interrogation demeure : si la grève perd son pouvoir perturbateur — neuf trains sur dix assurés malgré une mobilisation très suivie — la capacité à peser dans la négociation s’effrite-t-elle ?

La direction exploite ici tous les leviers légaux disponibles face à une grève programmée lors des grands départs ; côté salariés, c’est l’effet démobilisateur qui inquiète. Comme le résume un contrôleur syndiqué : « Qu’est-ce que nos revendications vont devenir si on ne peut empêcher les trains de rouler ? » Un jeu tactique où chaque camp aiguise ses armes pour préserver ou reprendre l’avantage.

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