Retraites : le conclave prolonge les négociations après plus de trois mois de débats acharnés

Après plus de trois mois de négociations intenses sur la réforme des retraites, les membres du conclave ont décidé de prolonger leurs discussions, estimant qu’un délai supplémentaire est nécessaire pour tenter d’aboutir à un consensus sur les points les plus sensibles.
Tl;dr
- Le conclave retraites n’a pas abouti à un accord.
- Réunion finale fixée au 23 juin, participation incertaine.
- Climat tendu, patronat accusé de bloquer les négociations.
Des négociations dans l’impasse
Au terme de trois mois et demi de discussions, le tant attendu « conclave » sur les retraites s’enlise. Mardi 17 juin 2025, date butoir fixée pour trouver un terrain d’entente, aucune avancée décisive n’a émergé.
Malgré la pression du calendrier et les attentes placées dans ce format inédit lancé par le Premier ministre François Bayrou, les partenaires sociaux sont repartis bredouilles. Une ultime réunion est programmée pour le 23 juin ; cependant, le flou règne quant à la présence effective de tous les acteurs autour de la table.
Tensions et désillusions au sommet
L’ambiance a tourné à la crispation tout au long de la journée. Dès midi déjà, certains comme Yvan Ricordeau, porte-parole de la CFDT, pointaient l’absence totale d’avancée : « La négociation n’a pas avancé ». La suite s’est apparentée à une succession de pauses et d’interruptions : après une matinée laborieuse, un long déjeuner a laissé place à une reprise peu constructive. Les échanges sur la pénibilité du travail ont vite été interrompus par une suspension demandée par le patronat, qui s’est finalement présenté en fin d’après-midi avec des propositions jugées inexistantes par les syndicats.
Une négociatrice de la CFE-CGC, Christelle Thieffinne, résumait ainsi la soirée : « L’opération de la dernière chance a été tentée par l’animateur du conclave », désignant notamment le rôle du médiateur expérimenté, Jean-Jacques Marette. Mais difficile pour certains représentants syndicaux comme Pascale Coton, figure de la CFTC, de cacher leur colère face à ce qui est perçu comme une impasse organisée.
L’ombre persistante du blocage patronal
Dans ce contexte pesant, le rôle du Medef, principal représentant des employeurs, a été vivement critiqué. Accusé par plusieurs syndicats d’être à l’origine du blocage, il hésite encore à prendre part à la réunion du 23 juin. « J’irai devant nos instances pour voir avec elles notre conduite… savoir si nous allons à la réunion », glisse sa négociatrice, Diane Milleron-Deperrois. Une position attentiste qui contribue au climat général d’incertitude.
Les partenaires restants — côté syndical (CFDT, CFTC, CFE-CGC) et patronal (Medef, CPME) — se retrouvent désormais face à un choix crucial : participer pleinement au dernier round ou acter un échec définitif.
Derrière l’échec, des enjeux lourds pour Matignon et la réforme Borne
Ce format du conclave avait vu le jour après un compromis arraché entre l’exécutif et les socialistes afin d’éviter une nouvelle motion de censure contre le gouvernement. L’objectif ? Rendre plus acceptable aux yeux des Français une réforme emblématique : celle portée par l’ex-Première ministre Borne, qui repousse progressivement l’âge légal de départ à 64 ans tout en visant un équilibre financier, alors que le déficit des retraites pourrait atteindre 6,6 milliards d’euros en 2030.
Pour mémoire, plusieurs organisations avaient déjà quitté les discussions en cours de route : dès février, la FO, puis mi-mars la CGT et l’U2P. Il ne reste désormais qu’un mince espoir d’aboutir in extremis – sans garantie que cette « opération dernière chance » suffira à combler les fractures.
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