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Relaxantes et cathartiques, quand les maisons de poupées passionnent les adultes

Relaxantes et cathartiques, quand les maisons de poupées passionnent les adultes
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Londres (AFP) - Un feu crépite dans la cheminée d'un salon meublé de fauteuils confortables, non loin d'une table sur laquelle sont posés des verres de vin.Mais dans cette scène qu'on dirait sortie d'un magazine de décoration, chaque objet tient dans la paume de la main.

Cet intérieur chaleureux est celui d'une maison de poupées, qu'admire Michele Simmons, une Américaine de 57 ans, dans un festival londonien.

"J'adore les maisons victoriennes (du XIXème siècle) et j'ai toujours rêvé d'en habiter une, mais ça ne s'est jamais fait.Alors je me console avec ça", s'amuse cette recruteuse, face à cette scène réalisée par l'entreprise spécialiste des reconstitutions d'intérieurs historiques Mulvany & Rogers.

Michele Simmons est retombée dans sa passion d'enfance pendant la pandémie de Covid-19.Depuis, elle a "rénové" une dizaine de maisons miniatures qu'elle revend ensuite. 

Elle et sa fille n'ont pas hésité à prendre un vol de nuit depuis Boston, aux États-Unis, pour venir au salon de la maison de poupée de Kensington, à Londres, la semaine dernière.

"J'adore ça!Quand on s'y plonge, on ne pense à rien d'autre", confie-t-elle à l'AFP.

Le festival londonien rassemble depuis 1985 certains des meilleurs artisans miniaturistes du monde, capables de réaliser des lustres, des tableaux, des tables à manger en acajou, des bibelots ou des ustensiles de cuisine. 

Si les maisons de poupées font plutôt penser à des jouets pour enfants, ici ce sont surtout des adultes qui se pressent dans les allées, et dépensent au moins une cinquantaine d'euros pour ajouter une pièce à leur collection.

"Ce sont des artisans qui créent des choses absolument exquises", s'extasie Rachel Collings, éditrice de 47 ans, qui vient d'acheter "un demi-citron", "un presse-agrumes, un pinceau de pâtisserie et fouet manuel qui fonctionne vraiment!".

- "Évasion" -

Susan Evans, 67 ans, sage-femme à la retraite venue comme chaque année du Pays de Galles, a poussé sa passion encore plus loin. 

"J'ai tout un village", dit-elle, énumérant "18 boutiques victoriennes, une école, un manoir, un pub, et maintenant une église", qu'elle a achetée pour plus de 4.700 euros.

Au départ, cette passion l'aidait simplement à évacuer le stress après des gardes épuisantes mais aujourd'hui les visites qu'elle organise chez elle lui permettent de récolter des milliers de livres sterling pour l'hospice local. 

"C'est de l'évasion et c'est aussi une façon de faire travailler son imagination, ce qui est excellent pour la santé mentale", affirme-t-elle. 

L'anthropologue médicale Dalia Iskander, de l'University College London (UCL), a passé trois ans à étudier le sujet pour son prochain livre intitulé "Miniature Antidotes". 

"Pour beaucoup de gens, c'est une façon d'explorer leurs propres expériences, leurs souvenirs, leur imagination, et d'intégrer tout cela dans ces mondes miniatures", explique-t-elle. 

Des problèmes de santé comme la dépression, l'anxiété ou des troubles sociaux comme l'accumulation compulsive peuvent être abordés à travers les miniatures, et cette pratique peut avoir des effets bénéfiques pour les personnes, ajoute-t-elle. 

La tradition des maisons de poupées remonte au 16ème siècle, quand elles étaient utilisées pour représenter en miniature le patrimoine des plus fortunés.

Charlotte Stokoe, organisatrice du festival de Kensington, explique qu'elles connaissent un immense engouement depuis la pandémie de Covid-19. 

"Quand le monde devient un peu fou et que le stress est partout, c'est relaxant.On a le contrôle", dit-elle, ajoutant que beaucoup de gens sont revenus à ce loisir après avoir ressorti des cartons leurs vieilles maisons de poupées pendant les confinements. 

Et à une époque où les prix flambent, les gens peuvent ainsi "réaliser la décoration d'intérieur qu'ils n'ont peut-être pas les moyens de faire chez eux". 

"Quand tout est difficile, il y a ces petites choses.(...) Parfois, je m’assois pour les regarder, et ça me rend heureuse", assure Rachel Collings.

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