Rabbin agressé à Orléans: le mineur condamné à 16 mois de prison ferme

Orléans (France) (AFP) - "La négation de tout": le mineur auteur de l'agression du rabbin d'Orléans en pleine rue fin mars a été condamné mercredi à une peine de 16 mois de prison ferme par le tribunal pour enfants de cette ville, après une longue journée d'audience durant laquelle il a nié toute responsabilité.
Dans le détail, il a été condamné à 12 mois de prison ferme pour les violences commises, mais aussi pour deux précédentes procédures traitées à l'audience, à laquelle s'ajoutent deux fois deux mois de prison, notamment pour avoir refusé de se soumettre aux prélèvements biologiques lors de sa garde à vue.
Son maintien en détention a été décidé, a indiqué à l'AFP la procureure de la République d'Orléans Emmanuelle Bochenek-Puren, tout comme l'interdiction de paraître dans le Loiret pendant cinq ans et d'entrer en contact avec la victime pendant trois ans.
Des mesures éducatives complètent la décision.
"Nous sommes tombés face à une personne qui a réfuté toute responsabilité", a regretté l'avocat du rabbin, Me Isabelle Abreu, qui a fustigé l'attitude du mineur "dans la négation de tout", au terme de plusieurs heures de procès à huis clos.
A son arrivée au tribunal, Arié Engelberg avait estimé que chaque agression antisémite doit être considérée comme "symbolique, dans une démocratie comme la France" où "on n'a pas le droit de se faire agresser", accompagné du président la communauté israélite d'Orléans André Druon.
"L'agresseur n'a exprimé aucune forme de regret ou de compassion", a déploré M. Druon après l'audience, affirmant que le jeune homme avait tout "rejeté sur la faute du rabbin".
Un quantum de 20 mois de prison ferme avait notamment été requis à l'encontre du jeune homme, également impliqué dans d'autres procédures judiciaires, conduites entre octobre 2024 et décembre 2024, pour des faits de trafics de stupéfiants et de violences volontaires sur personnes dépositaires de l'autorité publique à Marseille, et de vol aggravé à Orléans.
"J'ai une communauté et une famille dont je dois m'occuper, on n'a pas le choix d'avancer et on le fait la tête haute", a affirmé le rabbin, rappelant qu'il s'était "défendu" face à son agresseur.
- "Rester debout" -
"C'est important de dire qu'on reste debout", a insisté le rabbin.
Confronté aux termes de la plainte déposée et aux témoignages recueillis, le mineur a une nouvelle fois nié être à l'origine de l'altercation et soutenu s'être défendu, arguant que le rabbin s'était "lui-même mordu", selon des avocats des parties civiles, parmi lesquelles la Licra et SOS Racisme.
Le rabbin avait pourtant raconté avoir été abordé, accompagné de son fils de 9 ans, par le mineur "en se filmant, le questionnant sur sa religion (...) tout en proférant des injures à caractère antisémite et en crachant en leur direction".
M. Engelberg, qui avait fait état de plusieurs coups, avait aussi relaté que son agresseur lui avait demandé s'il était juif: "J'ai répondu oui" et "il a commencé à dire +tous les Juifs sont des fils de...+".
Le jeune homme, "mineur isolé, arrivé en France depuis moins d'un an" et jugé des chefs de violences volontaires commises en raison de l'appartenance de la victime à une religion, était également poursuivi pour "violences psychologiques" à l'égard du fils du rabbin.
Il a affirmé lors de l'audience être de nationalité marocaine, né à Casablanca, après avoir d'abord déclaré lors de sa garde à vue "être âgé de 16 ans et être de nationalité palestinienne", sans qu'aucun élément ne permette de remettre en cause l'état de minorité qu'il déclare.
L'agression avait suscité une vive émotion dans la ville, plus d'un millier de personnes s'étaient rassemblées 48 heures après les faits "en soutien au rabbin" et pour "dénoncer l'antisémitisme".
En 2024, un total de 1.570 actes antisémites ont été recensés en France, selon le ministère de l'Intérieur, un niveau "historique", selon le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), avec une "explosion" après le 7 octobre 2023, date de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël.