Peut-on être féministe et s'épiler ?

Cette semaine, notre journaliste Chloé Thibaud se demande si le fait de retirer ses poils (aux jambes et ailleurs) fait d'elle une "mauvaise" féministe et s'interroge sur ce que ces poils disent de nous.
“Vous n’aviez pas envie de vous sentir propre ?“C’est ce que m’a demandé l’esthéticienne la dernière fois que je suis allée me faire épiler les jambes, après des semaines (mois) à foutre la paix à mes poils, donc à me foutre la paix à moi-même. “Ce n’est pas sale d’avoir des poils“, lui ai-je répondu, avant de l’entendre m’expliquer qu’elle a “besoin de se sentir propre“ et “toute lisse“ pour son mari. “Et votre mari, il s’épile les fesses à la cire ?“ Non, a-t-elle souri. Mais lui, “c’est pas pareil“. En effet, de lui - d’eux -, la société n’attend pas qu’ils soient “lisses“. Je garde cet adjectif pendant des jours à l’esprit. Il est tellement révélateur. Jamais séance d’épilation ne m’avait mise aussi mal à l’aise. D’un côté, cette femme fait bien ce qu’elle veut. De l’autre, s’est-elle rendu compte du regard qu’elle a posé sur moi et de son jugement sur mon corps ? Puis ce qu’elle fait reflète-t-il réellement ce qu’elle veut ? Suis-je supposée retirer mon féminisme en même temps que (...)