Pauline, victime dans l’affaire « French Bukkake » : « Dans la rue, on me chuchotait qu'on allait me tuer »

Partie 2/2. De la précarité extrême aux tournages porno criminels de « French Bukkake », il n’y a eu qu’un pas pour Pauline*. À 19 ans, elle a été victime de viols aggravés dans ces vidéos aujourd’hui sous le coup de la justice. Dans « Sous nos regards » (éditions du Seuil), une quinzaine de plaignantes dans les affaires emblématiques du X prennent la parole, dont Pauline. Rencontre.  

En pleine journée de travail, le téléphone de Pauline vibre dans sa poche. Après un rapide coup d’œil sur l’écran, elle découvre le dernier texto envoyé par une connaissance masculine : « Je ne te pensais pas comme ça… » Un frisson d’effroi lui parcourt l’échine. Aucun détail, juste cette phrase énigmatique. La boule au ventre, elle sent que ce message est de mauvais augure. « Sur le coup, je ne comprends pas. Je réponds presque immédiatement : “Mais de quoi tu me parles ?” » 

L'homme lui envoie une capture d'écran : une vidéo la montrant, quelques jours auparavant, victime d’un viol filmé et diffusé sur le site « French Bukkake » de Pascal OP. Le choc est brutal, d’une violence inouïe. La mémoire de Pauline a délibérément tenté d’enterrer ces 48 heures d’horreur. Ces images, ces sons, ces souffrances : la carcasse de poulet, les dogues argentins, les injures, les humiliations incessantes de ses violeurs. Elle a voulu tout oublier, ou plutôt, elle a tout fait pour oublier la douleur atroce, celle qui...