Nouvelle directive de la SNCF : quel impact pour les animaux victimes d’accidents ferroviaires ?

La SNCF vient de modifier sa réglementation concernant la gestion des animaux présents sur les voies ferrées, à la suite d’un incident impliquant un chat percuté par un train. Cette évolution vise à mieux protéger les animaux domestiques lors des circulations ferroviaires.
Tl;dr
- La SNCF fixe un délai maximal de 20 minutes.
- L’affaire du chat Neko a précipité ce protocole.
- Le train démarre lentement si l’animal n’est pas retrouvé.
Un vide procédural mis en lumière par un drame
Il aura fallu une tragédie et une vive émotion publique pour que la SNCF clarifie enfin sa position. Lorsque le chat Neko s’est glissé sous un train en gare de Paris-Montparnasse début 2023, l’absence de règles claires a plongé les acteurs du rail dans l’embarras.
Malgré les supplications de la famille propriétaire et la mobilisation d’associations, le train à destination de Bordeaux, bondé de 800 passagers, avait quitté le quai, tuant l’animal – une décision justifiée par l’opérateur par le fait que le félin n’était « pas visible ».
Pressions publiques et réponse judiciaire
L’affaire, très relayée sur les réseaux sociaux et dans les médias, avait fait réagir jusqu’au sommet de l’État. La Fondation Brigitte Bardot s’insurgeait publiquement : « Vous n’avez pas honte ? » De son côté, le ministre de l’Intérieur d’alors, Gérald Darmanin, se disait « particulièrement choqué ».
Les propriétaires du chat avaient porté plainte contre SNCF Voyageurs, obtenant gain de cause en première instance avec 1 000 euros chacun pour préjudice moral — mais la compagnie fut ensuite relaxée en appel. Dans la foulée, le ministre des Transports, Clément Beaune, avait exhorté la direction du groupe ferroviaire à repenser ses procédures internes.
Un nouveau protocole après deux ans d’attente
Après plus de deux ans d’incertitude réglementaire, la compagnie vient enfin d’adopter un protocole officiel — consulté par l’AFP. Désormais, lorsqu’un animal est signalé sur les rails par un passager, une séquence bien définie s’enclenche :
- D’abord, dix minutes sont accordées aux agents pour tenter d’apercevoir l’animal depuis le quai (« levée de doute »).
- Puis dix minutes supplémentaires pour essayer de faire sortir l’animal sans descendre sur la voie.
- Au-delà de ces vingt minutes cumulées, si la tentative échoue, le départ du train est donné… mais à allure réduite – « à la vitesse d’un homme au pas » – afin d’offrir une ultime chance à l’animal d’échapper aux roues.
L’humain au cœur du dispositif… mais sous contraintes
Pour justifier cette formalisation tardive, un porte-parole de SNCF Réseau évoque des usages déjà appliqués « avec bon sens et humanité », mais désormais consignés noir sur blanc.
Il s’agit ainsi d’arbitrer entre l’exigence morale envers les animaux et celle – tout aussi impérieuse – du respect des horaires pour des centaines de voyageurs parfois pressés. Reste à voir si ce compromis saura apaiser durablement les tensions entre impératifs ferroviaires et attentes sociétales croissantes en matière de protection animale.