"Mettez-le" : le gouvernement néerlandais veut persuader les cyclistes de porter un casque

Amsterdam (AFP) - C'est une scène connue dans le monde entier : un flot régulier et un peu chaotique de cyclistes pédalant depuis la gare centrale d'Amsterdam, en direction des canaux et des cafés de la capitale néerlandaise.Parmi eux, rares sont ceux à porter un casque.
Le gouvernement essaie désormais de persuader les Néerlandais réticents d'en mettre lorsqu'ils enfourchent leurs vélos bien-aimés, au moyen d'une campagne de sensibilisation lancée mercredi.
La campagne "Zet 'em op" signifie littéralement "mettez-le", et veut également dire "bonne chance" en argot...Ce dont les autorités auront bien besoin pour changer les mentalités, dans un pays où seul un cycliste sur 25 porte un casque.
Le ministre des infrastructures Barry Madlener espère faire grimper ce taux de 4 à 25% en dix ans, a-t-il écrit dans une lettre au Parlement.
Des recherches montrent en effet que le seuil de 25% représente un "point de bascule social", quand la pression du groupe entre en jeu et où le port du casque augmente de manière significative, selon Madlener.
Car les enjeux sont élevés : d'après les statistiques gouvernementales, environ 50 décès pourraient être évités chaque année si la moitié des cyclistes néerlandais portait un casque.
74.300 cyclistes ont été transportés aux services d'urgences hospitaliers l'année passée, dont près de 50.000 présentaient des blessures graves, selon l'organisation spécialisée Veiligheid.
Si rien n'est fait, le ministère des infrastructures estime que le nombre de cyclistes gravement blessés devrait doubler d'ici 2040.
Mais dans les rues d'Amsterdam, le message peine à passer.
"Je préférerais arrêter de faire du vélo et marcher plutôt que de porter un casque", déclare Roos Stamet, une écrivaine de 48 ans, à l'AFP.
"Ça va ruiner ma coupe de cheveux.Je vais avoir l'air d'avoir 70 ans", a-t-elle ajouté."C'est absurde.Vous iriez au supermarché casqué ? Il n'en est pas question".
- Fatbikes -
Subventions pour l'achat d'un casque, campagne publicitaire, implication des applications de transport.Marijn Visser s'est finalement convaincue d'en mettre un en ville.
La bibliothécaire de 45 ans ne porte jamais de casque à la campagne, où elle réside, car "c'est agréable de sentir le vent dans ses cheveux, et je ne pense que pas ce soit nécessaire d'en mettre un".
"Mais il y a beaucoup de monde à Amsterdam" dit-elle, ce qui l'a finalement convaincue de se protéger.
L'un des principaux sujets de conversation — et d'agacement — du moment aux Pays-Bas est la présence croissante de "fatbikes", vélos électriques à grande vitesse et aux roues imposantes dont les conducteurs terrorisent parfois les cyclistes traditionnels.
Naviguer en vélo à Amsterdam, entre les mobylettes, les scooters, les fatbikes et les piétons, demande en effet des nerfs d'acier.
"Circuler à bicyclette est devenu plus dangereux ces cinq à dix dernières années, déclare Kenji Stamet, employé de café à temps partiel et mari de Roos, avec les vélos électriques, les fatbikes..."
Danger supplémentaire dans la capitale, les touristes qui se promènent sans faire attention à la circulation de vélos à haute vitesse, ajoute Stamet.
Tout compte fait, le quinquagénaire se dit qu'il pourrait envisager d'acheter un casque un jour : "J'y ai pensé une ou deux fois l'année dernière, pour la première fois de ma vie", confie t-il à l'AFP.
"Quand je serai plus vieux, dans cinq ou dix ans, si je suis toujours à Amsterdam... peut-être que ce ne sera pas une si mauvaise idée".