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Métatine : cette substance au potentiel addictif supérieur à l’héroïne inquiète le Comité anti-tabac

Métatine : cette substance au potentiel addictif supérieur à l’héroïne inquiète le Comité anti-tabac
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Le Comité national contre le tabagisme alerte sur la métatine, une substance jugée plus addictive que l’héroïne. Son émergence inquiète les autorités sanitaires, qui s’inquiètent de ses effets et de sa popularité croissante auprès du public.

Tl;dr

  • Le CNCT poursuit Aroma King pour publicité illicite.
  • La 6-méthyl-nicotine jugée plus addictive que la nicotine.
  • Les produits visent particulièrement un public jeune et vulnérable.

Nouveaux produits, vieilles stratégies : le vapotage sous surveillance

À l’approche de la Journée mondiale sans tabac, prévue le 31 mai, les projecteurs se braquent une fois de plus sur les méthodes employées par l’industrie du tabac et de la nicotine pour séduire, et parfois tromper, le public.

L’initiative du Comité national contre le tabagisme (CNCT), qui vient d’annoncer poursuivre en justice la société Aroma King, s’inscrit dans ce contexte de vigilance accrue.

L’irruption inquiétante de la 6-méthyl-nicotine

Depuis début 2024, une nouvelle molécule a fait son apparition sur le marché européen : la 6-méthyl-nicotine, aussi appelée « métatine ». Dérivée de la nicotine, cette substance suscite l’inquiétude des associations antitabac, qui redoutent un potentiel addictif supérieur – jusqu’à trois fois plus élevé selon certaines études précliniques relayées par le CNCT.

Peu étudiée à ce jour, elle pourrait également présenter des risques accrus pour les cellules pulmonaires. D’ailleurs, comme le souligne un membre du comité : « Le problème de ces nouveaux produits de synthèse, c’est qu’ils n’ont jamais été étudiés… le cobaye, c’est l’homme. »

Publicité déguisée et marketing ciblé : l’offensive Aroma King

La commercialisation des produits « NoNic », mis en avant comme « alternatifs » et prétendument plus sains car « sans nicotine ni tabac », pose problème au regard du droit français. Le site d’Aroma King, très offensif sur le plan marketing, promeut ces articles en vantant leur sécurité sans fondement médical vérifié. Selon l’avocat du CNCT, Me Hugo Lévy, « Cela tombe manifestement sous le coup des dispositions du Code de la santé publique qui interdisent la publicité pour les produits du vapotage. » L’association reproche notamment à la mention « NoNic » – accompagnée d’un « Ne contient pas de nicotine » – d’induire les consommateurs en erreur sur la nature réelle des produits.

Du côté du packaging et des saveurs proposées (muffin, mangue glacée ou bonbons arc-en-ciel…), rien n’est laissé au hasard pour attirer une clientèle jeune. Aux États-Unis déjà, ces arguments se multiplient : on vante un goût supérieur, un impact écologique réduit ou encore une aide à l’arrêt du tabac – autant d’affirmations non démontrées.

L’encadrement législatif à la traîne face aux analogues de nicotine

Face à cette nouvelle génération de produits de synthèse capables de contourner les réglementations actuelles – notamment les limites sur la concentration ou la capacité des dispositifs –, le CNCT déplore un vide juridique exploité par les industriels. La liste suivante permet d’illustrer ces failles :

  • Loi axée uniquement sur la nicotine classique ;
  • Mise en avant commerciale non encadrée ;
  • Promotion via réseaux sociaux et influenceurs.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), déjà alarmée dès 2023 par ces contournements réglementaires via analogues chimiques, recommande aujourd’hui d’élargir l’encadrement légal afin d’éviter une course sans fin entre fabricants et législateur. Pour le président du comité antitabac français, Yves Martinet : « Il faut tous les interdire pour ne pas entrer dans une course entre les fabricants et la loi. » Un avertissement qu’il serait risqué d’ignorer alors que se multiplient innovations et offensives commerciales vers les plus jeunes.

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