Les mots du genre : « bodycount », des cadavres de guerre au contrôle du corps des femmes

Chaque semaine, ELLE retrace l’histoire d’un mot appartenant au vocabulaire féministe ou sexiste. D’où vient le terme « bodycount » ? Comment s’est-il imposé dans les discours masculinistes ?
La tendance misogyne du « bodycount » envahit la Toile. Derrière cet anglicisme, utilisé pour désigner le nombre de partenaires sexuels d’une personne, se cache une obsession grandissante, principalement dirigée contre les femmes.
Popularisée en ligne et s’invitant jusque dans les couloirs de lycées, cette pratique s’inscrit dans une logique sexiste visant à scruter, juger et contrôler les corps des femmes, au nom de normes patriarcales persistantes. À titre d’exemple, l'influenceur masculiniste Alex Hitchens – dont le compte a été suspendu le 12 juin dernier après qu’il a écourté son audition devant la commission d’enquête parlementaire TikTok – estime qu’au-delà de cinq partenaires sexuels, une femme de plus de 30 ans affiche un « bodycount » trop élevé. Une théorie destinée à dévaloriser les femmes, en les réduisant à leur passé sexuel. À l’inverse, un homme au tableau de chasse bien rempli est considéré dans la société comme un bourreau des cœurs, un Don Juan qui a de l’expérience en matière de relations amoureuses et sexuelles. Un deux poids deux mesures qui s’intensifie avec l’influence des réseaux sociaux.
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