L'édito de ELLE : Enfants maltraités, la culture du silence

« Il reste toujours quelque chose de l’enfance, toujours », écrit Marguerite Duras. Et quand l’enfance est maltraitée, abîmée par des violences psychologiques, physiques ou sexuelles, ce qu’il reste pèse une tonne.
Surtout quand les adultes n’ont pas voulu voir, savoir, entendre. Les psys évoquent même un deuxième traumatisme, parfois plus ravageur encore que le premier.
C’est l’un des aspects tragiques de l’affaire Bétharram, ce collège-lycée catholique béarnais. Quelque deux cents plaignants avaient dénoncé en leur temps les violences qu’ils avaient subies de la part des adultes, avant de se cogner aux murs épais de l’omerta.
Idem pour les trois cents victimes du pédocriminel Joël Le Scouarnec, ex-chirurgien jugé depuis des semaines par la cour criminelle du Morbihan. Plusieurs de ces enfants, 11 ans de moyenne d’âge, avaient réussi à parler à l’époque des faits. Ils n’ont pas été compris, entendus.
Après des centaines d’auditions, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) et la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église avaient établi le même constat : dans la majorité des cas, les enfants qui parviennent à s’exprimer ne sont pas crus. Non-assistance à petite personne en danger.
Qui, au-delà des parents, pour accueillir la parole fragile de l’enfant blessé ? Côté infirmières scolaires, services de pédopsy et protection de...