Le télétravail à l’origine de la mobilisation syndicale à la Société Générale

Les syndicats de la Société Générale ont lancé un appel à la grève, contestant certaines décisions de la direction. Au cœur de leurs revendications figurent les conditions de travail et la politique salariale au sein du groupe bancaire.
Tl;dr
- Société Générale réduit le télétravail à un jour.
- Grève et vives réactions syndicales face à la mesure.
- D’autres entreprises restreignent aussi le télétravail.
Le télétravail, nouvel enjeu social chez Société Générale
Depuis plusieurs jours, la question du télétravail enflamme les débats au sein de la Société Générale. La direction du groupe bancaire a récemment décidé de limiter à un seul jour par semaine la possibilité de travailler à distance pour la majorité des collaborateurs.
Cette annonce, communiquée par mail par Slawomir Krupa, directeur général, s’inscrit selon l’entreprise dans une volonté « d’harmoniser les pratiques » à l’échelle mondiale et « d’améliorer la performance des salariés ». Mais ce choix s’est heurté à une vive opposition.
Une mobilisation syndicale sans précédent
Face à ce revirement, trois syndicats majeurs – la CFDT, la CGT et la CFTC – ont appelé à une journée de grève, dénonçant un « passage en force brutal » dans un contexte déjà tendu par les restructurations internes. Selon FO, il s’agit d’une « remise en cause flagrante des droits des salariés ».
L’intersyndicale regrette surtout que cette décision ait été imposée sans dialogue approfondi, pointant notamment les répercussions sur l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle. Pour certains représentants, cette restriction viserait même indirectement à inciter les plus jeunes salariés à quitter le navire ou fragiliser certains collaborateurs pour « mieux les licencier ».
Télétravail : un acquis menacé ?
La démocratisation du télétravail avait pourtant marqué une évolution majeure ces dernières années. Héritée de la crise sanitaire, cette pratique concerne désormais 26% des actifs (contre seulement 9% en 2019), d’après le ministère du Travail. Pour nombre de salariés, il ne s’agit plus d’un simple avantage mais d’un véritable acquis social. Selon la Dares, près d’un tiers des employés souhaitent maintenir ou adopter ce mode d’organisation.
D’ailleurs, l’enquête de l’Apec, publiée en 2021, montrait déjà que près de 45% des cadres envisageraient une démission si le télétravail venait à disparaître – une proportion atteignant même 57% chez les moins de 35 ans. Un signal fort sur l’attachement croissant des jeunes actifs à cette flexibilité.
D’autres entreprises resserrent la vis sur le travail à distance
Au-delà de la Société Générale, d’autres acteurs majeurs comme Ubisoft ou encore Free suivent cette tendance restrictive. Chez ce dernier opérateur, il est désormais interdit d’enchaîner deux jours consécutifs de télétravail et le vendredi en distanciel n’est permis que deux fois par mois. Là aussi, un préavis de grève a été posé pour protester contre cette nouvelle donne.
– Ces récentes évolutions témoignent ainsi d’une période charnière : entre volonté patronale de retour au présentiel et aspirations profondes des salariés pour plus de flexibilité, l’équilibre reste instable… et potentiellement explosif.