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Le projet d’Emmanuel Macron de bannir les réseaux sociaux pour les enfants : un défi de taille

Le projet d’Emmanuel Macron de bannir les réseaux sociaux pour les enfants : un défi de taille
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L’idée d’interdire l’accès des réseaux sociaux aux mineurs, évoquée par Emmanuel Macron, suscite de nombreux débats. Entre enjeux de protection, questions techniques et réalités du numérique, la mise en œuvre d’une telle mesure apparaît particulièrement complexe.

Tl;dr

  • La France veut interdire les réseaux sociaux avant 15 ans.
  • La faisabilité technique et juridique reste incertaine.
  • Plusieurs pays expérimentent des restrictions similaires.

Des annonces fortes, une mise en œuvre délicate

L’annonce du président Emmanuel Macron, mardi 10 juin 2025, marque une volonté claire : interdire l’accès aux réseaux sociaux aux moins de 15 ans en France dans les prochains mois. Cette décision fait suite à un drame ayant ému l’opinion, le meurtre d’une surveillante par un collégien, mais s’inscrit également dans un mouvement international, lancé notamment par l’Australie.

Pourtant, sur le terrain, la question demeure épineuse : comment contrôler concrètement l’âge des internautes sans franchir certaines lignes rouges en matière de vie privée ou de droit européen ?

L’évolution mondiale face au défi numérique

L’Australie a frappé fort fin 2024 en adoptant une interdiction pour les moins de 16 ans – une mesure qui doit entrer en vigueur cette année malgré de lourds doutes techniques. D’autres États suivent ce sillon : la Nouvelle-Zélande propose un texte similaire, et l’Espagne envisage une restriction comparable. Même la Norvège, plus prudente, évoque un seuil à 15 ans, bien que son application reste floue.

En France, la « majorité numérique » votée en juin 2023 n’a pas encore trouvé d’écho concret, attendant notamment le feu vert de la Commission européenne. Parallèlement, selon la ministre du Numérique Clara Chappaz, sept pays européens – dont la France – avancent sur la question cruciale de la vérification d’âge.

Des obstacles juridiques et techniques majeurs

Ce débat touche à des inquiétudes croissantes concernant le temps passé devant les écrans ou l’exposition aux dérives numériques telles que le harcèlement. Mais comme le souligne Olivier Ertzscheid, maître de conférences à l’Université de Nantes, deux grandes problématiques persistent : d’une part, l’évolution du modèle économique des plateformes fondé sur la captation de l’attention ; d’autre part, des contraintes juridiques sérieuses. Selon lui : « Juridiquement cela existe déjà… mais garantir un contrôle efficace suppose souvent de porter atteinte à la vie privée. »

Les solutions techniques émergent timidement. Quelques applications recourent à l’intelligence artificielle pour estimer l’âge à partir d’une photo – citons par exemple le recours au système Yoti chez Yubo – mais leur usage reste limité car ils doivent aussi respecter le RGPD.

La Cnil, garante des droits numériques en France, insiste sur les risques inhérents à la collecte massive de données personnelles. Quant aux plateformes elles-mêmes (dont la plupart fixent actuellement leur limite d’âge à 13 ans), elles se montrent discrètes sur leur capacité réelle à appliquer ces nouvelles règles.

Pistes envisagées et résistances persistantes

Face aux défis rencontrés par les démocraties européennes et occidentales dans ce domaine, certains États autoritaires comme la Chine, où Internet fait l’objet d’un contrôle strict par les autorités publiques, imposent déjà des mesures radicales : identification obligatoire par pièce d’identité ou temps de connexion drastiquement limité pour les mineurs sur Douyin (la version locale de TikTok).

De quoi alimenter un débat qui balance entre protection indispensable et respect fondamental des libertés individuelles. Reste à voir jusqu’où iront ces projets sans heurter les grands principes européens… ou provoquer un retrait massif des plateformes elles-mêmes – scénario récemment illustré par Aylo dans le secteur du contenu pour adultes.

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