Le Conseil d’État retoque la tentative de Gérald Darmanin d’interdire les loisirs en prison

Le Conseil d’État vient de rappeler à l’ordre Gérald Darmanin, qui avait exprimé le souhait de proscrire certaines activités récréatives au sein des établissements pénitentiaires, jugeant cette intention incompatible avec les principes encadrant la détention.
Tl;dr
- Interdiction des activités ludiques en prison annulée.
- Les activités « ludiques » jugées conformes au Code pénitentiaire.
- Seules les activités « provocantes » restent interdites.
Le Conseil d’État met fin à l’interdiction des activités ludiques en prison
Quelques mois après une vive controverse liée à des soins esthétiques prodigués à des détenus, la décision du Conseil d’État vient redistribuer les cartes concernant les loisirs proposés derrière les barreaux.
Lundi 19 mai 2025, la plus haute juridiction administrative a prononcé l’annulation de la circulaire du 19 février émanant de Gérald Darmanin, qui entendait proscrire toute activité à caractère « ludique » au sein des établissements pénitentiaires.
Des associations mobilisées face à une mesure jugée excessive
Dès l’annonce de cette interdiction, un vent d’indignation avait soufflé parmi diverses associations, comme l’Observatoire international des prisons, mais aussi chez plusieurs syndicats.
Estimant que la mesure allait bien au-delà du nécessaire, ces acteurs avaient rapidement saisi le Conseil d’État. Leur objectif : faire reconnaître que ces activités n’enfreignent en rien le Code pénitentiaire, argument qui s’est vu validé par la décision rendue ce lundi.
Cadrage juridique et distinctions essentielles
Dans son ordonnance, le Conseil d’État précise que si le garde des Sceaux dispose bel et bien du pouvoir de fixer les conditions dans lesquelles se déroulent les différentes animations proposées aux détenus, il ne saurait pour autant proscrire toute activité qualifiée de « ludique ». La raison tient au fait que ces pratiques restent parfaitement conformes aux prescriptions du Code pénitentiaire. D’ailleurs, la loi prévoit expressément la possibilité pour tous les détenus de participer — sous surveillance — à des jeux ou activités collectives, dès lors qu’ils n’impliquent aucune notion de gain.
Pour éclairer davantage la position juridique retenue, on peut souligner que les activités dites « provocantes » demeurent proscrites : Selon l’ordonnance, celles qui porteraient atteinte au respect dû aux victimes — selon leur objet, leurs participants ou leurs modalités — peuvent être légalement interdites.
Lignes rouges et perspectives carcérales
Si cette clarification judiciaire vient dissiper certaines zones grises sur ce qui peut être autorisé en prison, elle rappelle surtout combien l’équilibre entre encadrement sécuritaire et respect de la dignité humaine demeure fragile. Le débat sur la place accordée aux loisirs dans l’univers carcéral ne s’éteint pas pour autant.
Mais aujourd’hui, une chose est certaine : seules les activités véritablement irrespectueuses ou offensantes envers les victimes restent sur la sellette.