Je joue au loto en priant le ciel de ne jamais gagner

[BLOG You Will Never Hate Alone] Existe-t-il pire malédiction que de devenir millionaire du jour au lendemain?
Je n’ai jamais été un grand amateur des jeux de hasard. Pendant un temps, je me suis frotté aux paris sportifs avant de réaliser que si je persistais dans cette direction, j’étais bon soit pour l’asile soit pour la prison. Je gagnais autant que je perdais, et comme les sommes engagées étaient des plus minimes, je demeurais insatisfait, hargneux, à deux points d’étrangler le buraliste qui, avec un petit sourire sadique me rendait mes grilles désespérément perdantes: «Encore perdu, vous devriez vous reconvertir comme voyant, ça rapporte et personne ne viendra réclamer sa mise si jamais vous vous plantez.»
N’ayant aucun désir de finir comme marabout au fin fond d’une caravane sans chauffage, j’abandonnais tout espoir de richesse et me contentais d’écrire des romans qui hélas ne m’apportèrent ni gloire, ni fortune, juste des tonnes d’invendus stockés à grands frais dans des caves insalubres. C’est seulement cet été, à la faveur d’une semaine de vacances, que passant inopinément devant un kiosque de la loterie nationale, sans réfléchir, mû par je ne sais quels obscurs désirs, je me décidai à remplir une grille.
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