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Euthanasie : l’afflux de Français en Belgique met à rude épreuve le système de santé

Euthanasie : l’afflux de Français en Belgique met à rude épreuve le système de santé
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Les citoyens français, confrontés à des restrictions dans leur propre pays, se tournent de plus en plus vers la Belgique pour demander une euthanasie, exerçant ainsi une pression croissante sur le système de santé belge déjà fortement sollicité.

Tl;dr

  • Adoption du droit à l’aide à mourir en France.
  • Les patients français se tournent vers la Belgique.
  • Différences majeures entre les lois française et belge.

Une avancée législative très attendue

Mardi 27 mai, les députés de l’Assemblée nationale ont adopté le principe du droit à l’aide à mourir, une réforme longtemps débattue en France. Le texte, dont l’examen par le Sénat est encore à venir, pourrait être définitivement entériné d’ici 2027 selon les ambitions du gouvernement.

Pourtant, ce vote ne signe pas la fin des difficultés pour les personnes atteintes de maladies incurables : nombre d’entre elles continuent, aujourd’hui encore, à franchir la frontière belge pour bénéficier d’une euthanasie.

L’exil médical persiste vers la Belgique

En 2024, pas moins de 106 ressortissants français ont pu recourir à une euthanasie encadrée par la loi en Belgique, qui fait figure de pionnière depuis 2002. Cette proportion reste faible comparée aux quelque 4 000 euthanasies annuelles dans le pays, mais elle place les Français largement en tête des demandes « non-résidentes ». Un phénomène qui ne faiblit pas – bien au contraire. Les premiers mois de l’année indiquent déjà une hausse probable pour 2025.

Face à cette situation, certains praticiens belges expriment leur lassitude. « Vivement que la loi aboutisse ! », souffle Jacqueline Herremans, présidente de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). Pour ces médecins, traiter des patients étrangers implique un investissement bien plus important : chaque dossier nécessite un temps considérable d’étude et de vérification, en particulier pour éviter toute contestation judiciaire ultérieure. Lorsque le malade n’est pas résident, la relation médecin-patient s’établit tardivement et sur fond d’incertitudes.

Divergences notables entre France et Belgique

Le projet français diffère sensiblement du modèle belge. L’une des singularités françaises serait l’auto-administration de la substance létale par le patient lui-même – un choix qui interroge certains acteurs belges sur la charge émotionnelle laissée aux proches. En outre, le texte national préfère parler d’« aide à mourir » plutôt que d’utiliser les termes jugés trop lourds d’« euthanasie » ou de « suicide assisté », même si ceux-ci décrivent précisément ce que prévoit la loi.

La législation française définit cinq critères cumulatifs d’accès, dont celui d’être atteint d’une « affection grave et incurable engageant le pronostic vital en phase avancée ou terminale ». Une nuance importante subsiste avec le droit belge : là-bas, aucune mention n’est faite d’un état « terminal ». Comme l’explique Mme Herremans, il n’existe « pas vraiment de base objective » pour déterminer ce seuil ; rares sont donc les médecins prêts à s’avancer sur ce terrain.

Nouvelles perspectives… et incertitudes persistantes

Si cette réforme ouvre des horizons nouveaux pour les malades français en quête de soulagement, elle laisse encore planer bien des questions pratiques et éthiques sur sa mise en œuvre.

Les médecins belges espèrent cependant que son adoption permettra enfin d’alléger leur charge et de recentrer leurs efforts sur leurs propres patients.

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