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En Croatie, les grands-parents se font nounous contre salaire

En Croatie, les grands-parents se font nounous contre salaire
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Samobor (Croatie) (AFP) - Confrontée à une grave crise démographique et un taux de pauvreté des seniors parmi les plus élevés d'Europe, la Croatie peine à trouver des solutions.Une petite ville a trouvé une parade : rémunérer les grands-parents pour garder leurs petits-enfants.

Dans ce pays de 3,8 millions d'habitants, l'école ne commence qu'à six ans et les places en crèche sont limitées.Conséquence, des milliers d'enfants se retrouvent sans mode de garde chaque année. 

Chez les plus âgés, en 2024 plus de 37% des plus de 65 ans se retrouvent au-dessous du seuil de risque de pauvreté - deux fois plus que la moyenne européenne.

Pour tenter de remédier à ces deux problèmes, Samobor, à une vingtaine de kilomètres de Zagreb, est devenue la première ville du pays à offrir un salaire aux grands-parents qui s'occupent de leurs petits-enfants n'ayant pas obtenu de place en crèche publique. 

"Les avantages sont multiples", explique à l'AFP la maire de la ville, Petra Skrobot, qui s'est inspiré d'une expérience suédoise.

En Croatie où l'âge de départ est fixé à 65 ans, "les retraites sont assez basses, et pour les parents, il est parfois difficile de trouver un mode de garde", observe Mme Skrobot, élue du parti libéral Fokus.

"Samobor subventionne à hauteur de 360 euros par enfant et par mois tous les modes de garde - jardins d'enfants privés ou assistante-maternelle.Désormais la mesure aide également financièrement les grands-parents." 

Cela "les maintient actifs, et, à une époque où on s'isole de plus en plus, cela a un impact positif sur les familles", estime l'élue.

- 'Main tendue' -

Déjà près de 30 grands-parents se sont portés candidats à la mesure - introduite fin mars. 

Dubravka Koletic est l'une d'elles, et salue une idée qui fait du bien "aux enfants et aux grands-parents".

"On gagne quelques euros, ce qui est bien car nos retraites sont basses, et on passe beaucoup de temps avec nos petits-enfants", dit-elle en couvant du regard son petit-fils, Viktor, 18 mois, très occupé à jouer avec des cailloux."On se rapproche d'eux, et eux de nous".

Sa fille, Danijela Koletic, est également ravie, d'autant qu'elle n'avait pas trouvé de place en crèche pour son fils.

"C'est vraiment super: c'est plus facile de laisser un petit enfant à quelqu'un en qui on a confiance, et en même temps Viktor et sa grand-mère sont de plus en plus proches", explique cette économiste de 41 ans qui a deux enfants plus grands. 

Avec deux écoles maternelles et plusieurs crèches, Samobor accueille de plus en plus de familles, attirées par la proximité de la capitale et en même temps un environnement plus paisible.L'an dernier, une nouvelle classe a même dû être ouverte dans la ville. 

Mais en dépit des efforts des autorités, plus d'une centaine d'enfants n'ont pas eu de place en crèche - surtout les plus petits. 

Alors pour la directrice du jardin d'enfants Grigor Vitez, Josipa Milakovic, l'initiative de la maire est une "main tendue aux parents".

Depuis le lancement du programme fin mars, Mme Skrobot a été contactée par des élus de plusieurs villes, inspirés par sa mesure.

Pour les autorités, le défi est immense: avec 1,5 enfants par femme en moyenne et une forte émigration, la population menace de s'effondrer d'ici la fin du siècle - de 3,8 millions aujourd'hui à 2,5 millions en 2100, selon les prévisions de l'ONU.

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