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Des jeunes un peu moins "hétéro", un peu plus LGBT+

Des jeunes un peu moins "hétéro", un peu plus LGBT+
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Paris (AFP) - Une jeune femme sur cinq ne se considère pas comme hétérosexuelle et les moins de 30 ans sont globalement plus nombreux à s'identifier aux minorités LGBT+, selon une étude qui y voit une meilleure acceptation de l'homosexualité et un possible effet MeToo. 

"Les mentalités ont évolué, c'est plus facile d'en parler, et maintenant il y a une communauté de soutien derrière", témoigne auprès de l'AFP Sarah, âgée de 21 ans, qui se définit comme bisexuelle.

Même si ce sujet reste clivant reconnait cette femme, en couple avec un homme et dont l’entourage pense qu’elle est hétérosexuelle."On ne peut pas en parler sur un coup de tête, ça peut avoir un très gros impact sur nos vies".

"Entre 2015 et 2023, le nombre de jeunes adultes de 20-29 ans s'identifiant comme bisexuels ou pansexuels" (attirance pour une personne quel que soit son genre) "a été multiplié par six", indique l'Institut national d'études démographiques (Ined), en se basant sur une enquête sur la vie affective menée en 2023 auprès de 10.000 jeunes adultes.

Une femme sur dix s'identifiait en 2023 comme "bisexuelle", 5% "pansexuelles", 2% comme lesbiennes, et 81% comme "hétérosexuelle", selon l'étude intitulée "Homo, bi et non-binaires: quand les jeunes questionnent l'hétérosexualité".

Chez les hommes, 3% se sont identifiés comme homosexuels et 3% comme bisexuels, selon cette étude parue dans la revue Population et sociétés.

- "Le vivre ouvertement" -

Ces évolutions s'inscrivent "dans une longue histoire de reconnaissance et de visibilité de l'homosexualité et plus récemment des minorités sexuelles", commente Wilfried Rault, directeur de recherches à l'Ined.

Parmi ces minorités sexuelles, quelque 1% des jeunes interrogés se déclarent "asexuels" (ne ressentent pas d'attirance sexuelle pour une autre personne) et 1,7% se définissent comme "non binaires", (ni strictement homme ni strictement femme).

La "visibilité croissante" des minorités sexuelles, avec notamment le mariage pour tous en 2013, a "rendu plus envisageables ces formes de sexualité, en particulier pour des jeunes qui ont toujours connu ces contextes", note M. Rault.

Signe d'une "banalisation relative de l'homosexualité", les gays (quatre sur cinq) et les lesbiennes (sept sur dix) ont plus souvent un premier partenaire de même sexe que par le passé, où c'était "nettement plus minoritaire", relève le chercheur.

"Le mariage homosexuel, la PMA pour les couples de lesbiennes, le fait de ne plus considérer la transidentité comme une maladie mentale ont rendu les identités LGBT+ plus acceptables", estime aussi Inoé, militante lesbienne de 18 ans. 

"Il n'y en a pas plus, mais plus de gens arrivent à le vivre ouvertement, alors qu'ils étaient autrefois invisibilisés", dit-elle.

"Voir qu'il est possible d'être gay et Premier ministre, comme Gabriel Attal, peut avoir un impact.La pop culture a mis en avant des modèles, Eddy de Pretto, Pomme, Suzane, Hoshi, après Lady Gaga, Queen ou Mika", souligne cette femme, administratice de l'association Mag pour les LGBTQIA+.

- "Hétérosexualité moins évidente" -

L'Ined relève dans sa nouvelle étude un fort écart entre hommes et femmes: si 19% des femmes de 18 à 29 ans ne s'identifient pas comme hétérosexuelles, ils sont 8% chez les hommes de leur âge. 

C'était le cas de 3% des femmes et 2% des hommes dans l'enquête Virage de 2015, qui portait sur la tranche d'âge 20-29 ans, précise M. Rault.

"Les femmes ont moins de mal à le dire que les hommes, cela peut être vu comme une incartade de passage, +c’est normal dans sa jeunesse de vouloir embrasser sa meilleure amie+.C'est plus difficile pour les hommes", relève Inoé.

Avis partagé par Adèle, femme bisexuelle de 26 ans: "Dans la tête des gens, un homme bi égale un homme gay, donc tu sors de la masculinité conventionnelle", estime-t-elle alors que "les femmes parlent plus" de leur sexualité.

Selon le travail de l'Ined, 37% des femmes de 20-29 ans en 2023 disent avoir eu des "attirances" "pour les deux sexes" au cours de leur vie, contre 7% dans l'enquête Virage (Ined) de 2015.

Autre possible facteur de cette évolution: le mouvement MeToo, "mettant au jour l'importance de violences sexuelles, a probablement rendu l'identification à l'hétérosexualité moins évidente", selon M. Rault, citant également le débat autour des inégalités de "répartition du travail domestique" dans le couple.

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