Dans les coulisses d’une permanence d’avocate pour femmes : « J’ai porté plainte, mais personne ne m’a appelé »

Au sein de la permanence « violences et droits des femmes » de la Maison associative et citoyenne de Paris qui officie chaque mercredi, l’avocate Violaine de Filippis recueille des récits de vies fracassées, ceux des femmes victimes de violences sexuelles. Face à la lenteur judiciaire et aux failles institutionnelles, cette structure apparaît comme leur dernier rempart. Reportage.
Mercredi matin, 11 h 30, au cœur du quartier latin à Paris. Dans une salle vide de la maison associative et citoyenne de Paris, l’avocate Violaine de Filippis reçoit son premier rendez-vous de la journée. La permanence hebdomadaire de violences et droits des femmes débute. Là, celles qui ont subi des violences viennent chercher écoute, soutien et accompagnement juridique gratuit.
Face à l’afflux de demandes, la structure n’a plus de créneau jusqu’au mois d’octobre prochain. Dans la pièce voisine, on entend les pas légers et les éclats de rire de la petite fille de l’avocate, qui joue en attendant son père. D’un côté du mur, une enfance insouciante. De l’autre, une parole libérée, souvent douloureuse, parfois insoutenable.
Raconter son trauma ad nauseam
Le premier témoignage auquel nous assistons, celui de Madeleine*, est sans doute une des plus difficiles à entendre. Certains mots résonnent comme irréels : « inceste », « réseau pédocriminel », « secte »... Sur l’écran de l’ordinateur, le visage d’une femme de 50 ans apparaît...
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