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Après le rapport d'enquête parlementaire, #MeToo fait son chemin aussi à Cannes

Après le rapport d'enquête parlementaire, #MeToo fait son chemin aussi à Cannes
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Cannes (AFP) - Le mouvement #MeToo continue de faire son chemin au Festival de Cannes, sommé par une commission d'enquête parlementaire française de "renverser les mentalités" et où le sujet s'est invité jeudi, trois jours après son ouverture.

Décision inédite, révélée mercredi soir par Télérama, le Festival a interdit à l'acteur Théo Navarro-Mussy de présenter le film "Dossier 137" de Dominik Moll en raison d'accusations de violences sexuelles portées par trois anciennes compagnes.

L'interprète de 34 ans, qui tient un rôle secondaire, aurait pu fouler le tapis rouge jeudi mais le délégué général Thierry Frémaux a fait le choix de l'écarter, a rapporté le magazine culturel français sur son site internet.

Il a justifié sa décision par le fait que "la procédure reste en cours"."Quand la justice passe définitivement, cela devient différent", explique-t-il dans Télérama.

"Par respect pour la parole des victimes, sans oublier la présomption d'innocence non plus, et en accord avec le festival et le comédien en question, on a décidé que c'était mieux qu'il ne vienne pas à Cannes pour monter les marches", a précisé Dominik Moll à l'AFP jeudi.

Thierry Frémaux a, de son côté, indiqué à Télérama qu'à Cannes, les productions doivent désormais "assurer aux organisateurs que les conditions de sécurité, d'intégrité et de dignité des personnes ont été respectées tout au long du processus de fabrication" d'un film. 

Le festival attend aussi des éléments supplémentaires concernant une autre personnalité du cinéma faisant l'objet d'un signalement.

Autre façon de montrer que les leçons de #MeToo commencent à être tirées, le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) a présenté à Cannes un nouveau renforcement des mesures prises pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) dans le 7e art. 

Elles sont inspirées d'un rapport parlementaire rendu un mois plus tôt par l'écologiste Sandrine Rousseau et le centriste Erwan Balanant, qui dénonçait un fléau "systémique" dans la culture et appelait à enrayer la "machine à broyer les talents" que ce fléau constitue.

- "Beaucoup de courage" -

Le Festival de Cannes, appelé à prendre le problème à bras-le-corps par la commission d'enquête, avait répondu, par la voix de sa présidente Iris Knobloch, avoir "pris connaissance avec sérieux et détermination de ses recommandations".

C'est devant Mme Knobloch que le CNC a donc annoncé jeudi qu'il allait former davantage de professionnels de l'audiovisuel, dont les dirigeants de festivals, à la prévention des violences, ou que le "bonus parité" qui facilite le financement d'oeuvres dont les équipes se rapprochent de l'égalité femmes/hommes pourrait devenir un "malus" pour ceux qui s'en écartent.

Deux autres chantiers, qui ne dépendent pas directement de l'instance, sont ouverts, concernant le travail des agents de stars et les castings, identifiés comme des lieux à risque de violences.

"Le mouvement #Metoo dans le cinéma a agi comme un électrochoc pour un problème qui concerne toute la société.Le cinéma regarde aujourd'hui ses zones d'ombre en face", a salué le président du CNC, Gaëtan Bruel.

Interrogé par l'AFP, le collectif 50/50, en pointe sur ces sujets, accueille "avec beaucoup d'espoir ces annonces" : "Nous nous réjouissons de ces avancées qui sont le fruit d'un engagement collectif, tant de la part des institutions que des partenaires sociaux et, bien sûr, des professionnels de l'industrie".

Ironie du sort, c'est lors de cet événement public sur la Croisette qu'une jeune femme a pris la parole pour accuser de violences sexuelles le vice-président d'une section parallèle au festival, mais indépendante de celui-ci, l'Acid. 

La réaction a été immédiate: les dirigeants de l'Acid ont annoncé quelques heures après à l'AFP la "mise en retrait" du vice-président visé et l'ouverture d'une "enquête interne confié à un organisme extérieur".

"La jeune femme a agi avec beaucoup de courage et elle a tout de suite été prise en charge par les associations présentes", a raconté à l'AFP le député Erwan Balanant, présent sur les lieux.

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