Anti-gaspillage : une étude remet en question la taille traditionnelle de la baguette en boulangerie

Une récente étude s’interroge sur l’efficacité de la réduction de la taille des baguettes en boulangerie pour lutter contre le gaspillage alimentaire, questionnant ainsi les habitudes des consommateurs et les pratiques des professionnels du secteur.

La baguette, entre symbole et gaspillage

Sur toutes les tables françaises, la baguette fait figure d’incontournable. Pourtant, derrière son apparente banalité, se cache un problème de taille : le gaspillage. Selon une récente étude menée par l’application Too Good To Go, près de six Français sur dix admettent jeter du pain, avec en moyenne l’équivalent de six baguettes gaspillées chaque année par foyer.

Un chiffre qui interpelle quand on sait qu’une seule baguette requiert environ 155 litres d’eau pour sa fabrication – l’équivalent d’une baignoire pleine.

Des solutions… mais des avis partagés

Face à cette situation préoccupante, plusieurs pistes émergent pour lutter contre le gaspillage alimentaire lié au pain. Parmi elles, une suggestion simple : revoir nos quantités à l’achat. Commander une demi-baguette ou opter pour des pains de formats réduits figurent parmi les recommandations avancées par des acteurs comme Too Good To Go. Reste que cette idée divise.

Sur les trottoirs parisiens, certains refusent catégoriquement de raccourcir leur précieuse baguette – « Il ne faut pas faire les baguettes trop petites », martèle un passant – tandis que d’autres se montrent plus ouverts : « Pour les gens seuls ça peut être une bonne idée », reconnaît une passante, avant d’ajouter : « Je suis pour, mais seulement si le prix baisse aussi. »

Boulangerie : traditions et marges de manœuvre

Au cœur du débat, la question technique n’est pas négligée. Interrogé sur ce point, Laurent, ancien boulanger parisien, rappelle que la législation française n’impose aucune norme stricte concernant la taille d’une baguette : « Chacun fait comme il le souhaite par rapport à son matériel. » A

ctuellement, le poids oscille entre 200 et 300 grammes pour une longueur comprise entre 55 et 65 centimètres – autant dire que rien n’empêche d’adapter les formats selon les besoins des clients.

Mieux acheter, moins jeter : modes d’emploi anti-gaspi

Reste la question centrale : comment éviter que ce produit phare ne finisse à la poubelle ? Pour certains professionnels comme Philippe, agriculteur-boulanger dans le Lot, jeter du pain relève presque du sacrilège : « Si les anciens entendaient qu’on en jetait, ils sortiraient de leur tombe. » La solution ? Produire au plus juste en fonction des commandes. L

aurent abonde dans ce sens et estime que revaloriser le prix du pain contribuerait aussi à limiter les excès : « On ne va pas jeter un roastbeef ni un poisson. » Et pour donner une seconde vie au pain rassis, plusieurs alternatives existent :

• Pain perdu : parfait pour recycler les tranches sèches.
• Croûtons ou chapelure : idéals en cuisine ou salades.
• Surgélation : conserver le pain pour plus tard.

Finalement, acheter un peu moins semble encore la solution la plus raisonnable. Mais la France est-elle prête à raccourcir sa chère baguette ? Rien n’est moins sûr.