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Un souci avec les maires ? Non, réplique Macron

Un souci avec les maires ? Non, réplique Macron
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Paris (AFP) – « Réaffirmer l’ordre républicain », accélérer la décentralisation et créer un « vrai statut de l’élu » : Emmanuel Macron a tenté mercredi soir d’aplanir les angles avec les maires, de plus en plus confrontés aux violences physiques et à une vraie « fatigue républicaine ».

Sa relation avec les élus les plus proches des Français, réunis cette semaine en Congrès à Paris, passe pour compliquée, voire difficile. 

Recevant un millier d’entre eux pour le plus grand rendez-vous de l’année à l’Elysée, le chef de l’Etat s’est attaché à montrer qu’il était à leur écoute, conscient des défis de leur tâche.

« Echanger sur le quotidien qui est le vôtre (…) je le fais à chaque fois que je me déplace sur le terrain », a-t-il lancé, comme pour balayer les critiques sur son absence au 105e Congrès de l’Association des maires de France (AMF).

« Nous avons à affronter de plus en plus des épisodes de violences contre vous, élus de la République, mais aussi des épisodes de violences qui nous ont tous marqués », a-t-il dit après la mort de Thomas, 16 ans, frappé d’un coup de couteau en marge d’un bal de village dans la Drôme.

« Face aux violences qui se réinstallent (il faut) réaffirmer l’ordre républicain, sans quoi la liberté n’a pas de sens », a martelé le chef de l’Etat, comme il l’avait fait après les violences urbaines fin juin.

– « Cul par-dessus tête » –

Le président, dont les élus dénoncent souvent « l’extrême centralisation », a promis d’engager un « travail de refonte » de la Dotation globale de fonctionnement (DGF) de l’Etat en faveur des collectivités, jugée insuffisante par les intéressés. 

« On a un système qui est cul par-dessus tête », a-t-il concédé, en appelant à des « financements avec une vraie autonomie financière ».

Concernant la décentralisation, « on est au bout d’un système » qui a « dilué les responsabilités ». »Personne ne sait clairement qui fait quoi », a-t-il convenu en promettant d’avancer sur ce chantier.

Le congrès de l’AMF se tient cette année sur fond de hausse sans précédent des violences verbales et physiques à l’encontre des maires et de démissions d’édiles en cascade.

« On a une désaffection qui est en train de se mettre en place, un découragement », a reconnu Emmanuel Macron en appelant à mettre à plat la question des « rémunérations » des maires et de la « conciliation » avec la vie privée.

« L’AMF attend des actes », a réagi à l’AFP le maire Les Républicains (LR) de Cannes, David Lisnard, reconduit mercredi à la tête de l’organisation, notant que certaines propositions du chef de l’Etat « sur la décentralisation et la réorganisation des services de l’État » n’étaient pas nouvelles. 

Parmi les élus reçus à l’Elysée, la tonalité était toutefois plutôt enjouée. »Ça permet à des petits maires de venir dans un lieu majestueux », a relevé Martial Clavier, maire de Coat-Méal (Finistère, 1.100 habitants). 

Mais pour nombre d’édiles, la venue du président au congrès des maires, qui réunit quelque 10.000 élus, aurait permis un échange plus nourri.

– « Malentendus » –

« Ça aurait été plus simple qu’il se déplace et vienne expliquer des choses, qu’on lui pose des questions.Quand le dialogue est court-circuité, c’est jamais très bon », estime Eric Pancioli, maire-adjoint sans étiquette de Baratier (Hautes-Alpes, 615 habitants).

« Surtout après ce qu’on a vécu en juillet avec les émeutes, au moment d’une crise sociale sans précédent », renchérit le maire socialiste d’Alfortville (Val-de-Marne), Luc Carvounas.

Du côté de l’exécutif, on préfère « distinguer les relations avec les maires et celles avec les associations d’élus », qui sont « dans des débats davantage politiciens ».

Le parti présidentiel peine à s’imposer à l’échelon municipal.Aux élections de 2020, La République en marche (LREM, aujourd’hui Renaissance) n’a remporté aucune grande ville. 

Les tensions ne datent pas d’hier.En 2017, Emmanuel Macron, accusé de vouloir contrôler les budgets des collectivités, avait été hué et sifflé à son arrivée au congrès des maires.

Lors de sa dernière prise de parole au congrès des maires en 2021, il avait concédé « des malentendus ».Mais les signaux sont restés depuis « contradictoires », ce qui est perçu comme « une forme d’indifférence », sinon de « condescendance », souligne Romain Pasquier, professeur à Sciences-Po Rennes et spécialiste des collectivités.

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