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Sur TF1, Macron réinvestit tous azimuts la scène hexagonale

Sur TF1, Macron réinvestit tous azimuts la scène hexagonale
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Paris (AFP) - Fin de la diète sur les affaires françaises ? Après un point sur la situation internationale, Emmanuel Macron a longuement abordé, mardi sur TF1, de nombreux aspects de la politique française, évoquant des pistes de référendums et défendant âprement son bilan, notamment la réforme des retraites.

Pendant plus de trois heures, répondant au journaliste Gilles Bouleau et à plusieurs intervenants dans un débat qui se prolongeait tard dans la soirée, le chef de l’État a semblé tourner une page mardi soir.Privé de majorité à l'Assemblée, cantonné depuis la dissolution de l'Assemblée à son rôle diplomatique dans un contexte de vives tensions planétaires, M. Macron a largement réinvesti le champ de la politique nationale, des prisons à la politique fiscale en passant par le financement du modèle social.

Le président a même esquissé quelques pistes, prônant notamment la tenue "dans les prochaines semaines d'une "conférence sociale".Le "financement de notre modèle social" repose "beaucoup trop sur le travail", a jugé M. Macron, qui souhaite également l'ouverture d'une "négociation sociale" sur "la qualité" et "l'évolution des formes de travail".

Transmis au gouvernement de François Bayrou, réputé avoir la main sur la conduite des affaires.

-Référendum: "ne rien s'interdire"-

Attendu sur le sujet, Emmanuel Macron a expliqué "ne rien s'interdire" en matière de référendum, sans pour autant annoncer de projet arrêté de consultation des Français.

"Je souhaite qu'on puisse organiser une consultation multiple, c'est à dire un référendum, plusieurs référendums dans les mois qui viennent", a-t-il précisé, évoquant notamment la question des temps scolaires ou encore celle de l'accès aux réseaux sociaux pour les moins de quinze ans.

Interrogé sur la fin de vie, après un témoignage de l'ancien journaliste Charles Biétry atteint de la maladie de Charcot, il a dit souhaiter que la loi en cours d'examen "soit votée" au Parlement.Mais sans exclure d'en appeler aux Français en cas de désaccord entre les deux chambres.

Il a également répondu "pourquoi pas" à l'idée de référendum sur les finances publiques prônée par François Bayrou, dont il attend cependant encore "le plan".

Il a en revanche rejeté l'hypothèse d'un référendum sur les questions d'immigration, hors cadre de la Constitution, malgré les demandes répétées de la droite et de l'extrême-droite.

Pour le reste, le président a longuement défendu son bilan économique et social, de sa politique fiscale menée dès 2017 à la réforme des retraites adoptée sans vote par l'article 49.3, un an après sa réélection.

Pas question pour lui d'accepter un référendum sur cette réforme, comme le lui a suggéré la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.

M. Macron a rappelé avoir été réélu en prônant une réforme des retraites."En face de vous, vous aviez l'extrême droite, même moi j'ai voté pour vous", lui a rétorqué Mme Binet.

Pas question non plus de nationaliser ArcelorMittal, touché par un plan social, mais Emmanuel Macron s'est engagé "les yeux dans les yeux" à "sauver" les sites de Dunkerque (Nord) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône).

Confronté au maire de Béziers Robert Ménard sur les questions d'insécurité et d'immigration, M. Macron a dit vouloir une loi étendant les pouvoirs des polices municipales.

Il s'est également dit favorable à une participation des détenus à leurs frais de détention, idée défendue par le Garde des sceaux Gérald Darmanin, et à la location, "si besoin était", de places de prison à l'étranger.Tout comme il a opiné en faveur de l'interdiction des mariages si un futur époux réside de façon irrégulière en France.

-"Rester libre" en Europe-

"Le défi des défis est, dans un monde de plus en plus dangereux, incertain, de rester libre", a lancé le chef de l’État lors de la première partie consacrée aux questions internationales.

Dans ce contexte, il a longuement exposé sa position sur l'Ukraine."Notre volonté, c'est de prendre des sanctions" dans les prochains jours si la Russie "confirme le non-respect" d'un cessez-le-feu, a-t-il assuré.

Emmanuel Macron a évoqué notamment des "sanctions secondaires" pour les "revendeurs" de "services financiers" ou d'"hydrocarbures", alors que Moscou n'a toujours pas répondu à la proposition des Européens, relayée par les États-Unis, d'un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours en Ukraine.

Un tel cessez-le-feu doit ouvrir la voie à des négociations "territoriales", a-t-il ajouté, pointant des choix douloureux à venir pour les Ukrainiens déjà évoqués par l'administration de Donald Trump. 

"Même les Ukrainiens eux-mêmes ont la lucidité de dire (...) qu'ils n'auront pas la capacité de reprendre l'intégralité de ce qui est pris depuis 2014" par la  Russie, a déclaré le chef de l’État.

Les événements autour de Ukraine semblent s'accélérer avec une possible rencontre russo-ukrainienne au sommet jeudi à Istanbul.

Le président des Etats-Unis Donald Trump, qui avait envisagé de s'y rendre, a toutefois précisé mardi qu'il y dépêcherait son chef de la diplomatie Marco Rubio.

En outre, dans les réflexions sur la défense européenne, la France est "prête à ouvrir" une discussion sur le déploiement d'avions français armés de "bombes" nucléaires dans d'autres pays européens, à l'instar de ce que font les Américains pour partager leur parapluie atomique, a par ailleurs annoncé Emmanuel Macron.

Plusieurs pays européens, de l'Allemagne à la Pologne, s'intéressent à l'idée française d'un parapluie nucléaire s'élargissant à l'Europe, alors que les États-Unis montrent des velléités de désengagement du continent.

Promettant d'en définir "le cadre de manière très officielle dans les semaines et les mois qui viennent", M. Macron a posé trois conditions à cette réflexion: "la France ne paiera pas pour la sécurité des autres", "ça ne viendra pas en soustraction de ce dont on a besoin pour nous", et enfin "la décision finale reviendra toujours au président de la République, chef des armées".

Ce que fait le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu, "c'est une honte", a par ailleurs répondu M. Macron à propos de la situation à Gaza, jugeant cependant que "ce n'est pas à un président de la République de dire +ceci est un génocide+, mais aux historiens".

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