"Sextape" à Saint-Etienne: le maire sera jugé pour chantage en septembre

Lyon (AFP) - La justice a ordonné vendredi le renvoi du maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau, ex-LR, dans l'affaire de chantage à la vidéo intime visant son Premier adjoint, et envisage de le juger à Lyon en septembre.
Près de trois ans après l'éclosion du scandale, qui empoisonne la vie politique stéphanoise, les deux juges d'instruction saisis de ce dossier ont rendu leurs conclusions, a annoncé à l'AFP le procureur de Lyon Thierry Dran.
Ils ordonnent le renvoi de Gaël Perdriau devant le tribunal correctionnel pour "chantage, soustraction, détournement de fonds publics par un dépositaire de l'autorité publique et participation à une association de malfaiteurs", un délit puni d'au moins cinq ans de prison, a-t-il précisé dans un communiqué.
"Sous réserve de l'exercice d'éventuelles voies de recours", le procès se tiendra entre le 22 et le 26 septembre, a ajouté le procureur.
L'affaire porte sur une vidéo montrant l'ancien premier adjoint centriste Gilles Artigues, un rival potentiel du maire, en train de se faire masser par un escort-boy dans une chambre d'hôtel à Paris en janvier 2015.
Gaël Perdriau, 52 ans, est soupçonné d'avoir exigé "la loyauté politique" de Gilles Artigues, "des arbitrages électoraux et son absence d'opposition aux décisions du maire" contre la non divulgation de ce film, selon un document judiciaire consulté par l'AFP.
Exclu du parti Les Républicains et vilipendé par ses opposants, le maire a toujours clamé son innocence et refusé de démissionner, mais il s'est mis en retrait de ses fonctions à la métropole.Il n'a pas non plus exclu de se représenter aux élections municipales de 2026.
Contacté par l'AFP vendredi, alors qu'il se trouve en Ukraine, il n'a pas souhaité s'exprimer et ses avocats n'étaient pas immédiatement disponibles.
- Sept co-prévenus -
Dans leur ordonnance de renvoi, les magistrats instructeurs demandent que le maire soit jugé avec trois anciens proches, accusés d'avoir organisé le tournage de la sextape: son ex-directeur de cabinet, Pierre Gauttieri, son ancien adjoint à l'Éducation, Samy Kefi-Jérôme, et l'ex-compagnon de ce dernier, Gilles Rossary-Lenglet, qui avait révélé l'affaire à Mediapart en 2022.
Contrairement au réquisitoire du parquet, les juges d'instruction ont également ordonné le renvoi de deux couples à la tête d'associations stéphanoises soupçonnées d'avoir servi à rémunérer les auteurs de la sextape en échange de prestations fictives financées par la mairie.Ils seront jugés pour "abus de confiance".
"Je suis satisfait que le procès ait lieu en 2025 (...) et que tous les protagonistes, y compris les représentants des associations soient renvoyés devant un tribunal", a déclaré à l'AFP Gilles Rossary-Lenglet. "Même si je sais que je vais être condamné, je suis heureux car la vérité va gagner à la fin de ce parcours", a ajouté celui qui se présente comme le "lanceur d'alerte".
Outre le chantage à la vidéo intime, l'enquête comporte un second volet: lors de l'instruction, M. Rossary-Lenglet a transmis à la justice un enregistrement vidéo de juin 2015 dans lequel est évoqué un projet de chantage contre l'ancien maire de Saint-Etienne Michel Thiollière (UMP-rad, maire de 1994 à 2008).L'idée, selon lui, était de piéger l'ancien édile avec une prostituée mineure. Mais le plan a été abandonné.
Malgré son refus de démissionner, Gaël Perdriau a vu ses soutiens s'effilocher au cours du temps.Fin mai, des responsables de plusieurs partis du centre et de la droite avait ainsi formé un collectif pour empêcher sa réélection, critiquant "un pouvoir malsain qui entache l'image de notre ville et paralyse son économie".
L'opposition réclame, elle, depuis des mois sa révocation et un procès avant les municipales du printemps prochain.