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Olivier Véran, un porte-parole qui cherche sa voix

Olivier Véran, un porte-parole qui cherche sa voix
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Paris (AFP) – « Il fait des bourdes.Porte-parole, ça flingue », soupire un ministre.Les approximations de l’ambitieux porte-parole du gouvernement Olivier Véran, pas toujours appréciées à l’Élysée comme dans la majorité, illustrent aussi les errances de communication d’un quinquennat qui peine toujours à démarrer.

Infatigable porte-parole ? Des dizaines de compte-rendus du Conseil des ministres, d’innombrables interviews, d’incessants déplacements: rien ne semble pouvoir réfréner Olivier Véran.Il lui arrive même de tendre le micro.Ainsi cette vidéo où il promeut son application « citoyenne », Agora.Et cette question posée aux passants: « est-ce que vous pensez que les hommes politiques écoutent assez les Français ? »

Soldat hyper-loyal de la Macronie depuis 2017, le neurologue de 43 ans y est décrit comme « hyperactif », capable de « parler de tout et de rien ».Une exigence du poste.Mais aussi « fatigué ».

Il est un des rares ministres connu du grand public depuis la crise du Covid-19, un fin débatteur jamais à court d’arguments.Fussent-ils parfois imprécis ou fallacieux.

A la Santé, déjà, quand il avait nié l’utilité des masques au début de la crise du Covid-19.Au porte-parolat, forcément, où il prend la suite d’Olivia Grégoire, éphémère titulaire du poste, mais surtout de Gabriel Attal, qui y avait effectué un passage remarqué.

« Le porte-parole, ce n’est pas celui qui fait, c’est celui qui dit » et « quand ça se passe un peu moins bien, c’est souvent celui qui porte la parole que l’on peut accuser des difficultés », résume M. Véran pour l’AFP.

Ainsi lorsqu’il a assuré que tous les retraités toucheraient 1.200 euros mensuels minimum ou que la mobilisation contre la réforme faisait « prendre le risque d’une catastrophe écologique, agricole, sanitaire, voire humaine dans quelques mois ».Dernier ratage en date, la vente à perte de carburant: c’est sur 47 centimes de moins par litre que les Français pourraient compter.Las, quelques centimes tout au plus et la mesure a été enterrée par Emmanuel Macron.

Ministre de la parole, « on ne retiendra que celle qui a été malheureuse », excuse un ministre. »Une erreur d’ensemble » mais « tout le monde a été réglo », explique l’intéressé.

« Le porte-parole fait ce qu’il peut avec ce qu’il a entre les mains », relativise-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron.

-« Ministre de la démocratie »-

L’Isérois ne dissimulait guère vouloir changer de portefeuille avant le remaniement.Pendant sa première année de porte-parolat, son entourage se plaignait volontiers de ne pas être toujours au courant des arbitrages d’Emmanuel Macron, l’obligeant parfois à l’improvisation.

« Beaucoup de gens ont voulu sa tête », glisse une conseillère.Mais « l’Élysée a eu peur de sa puissance médiatique » s’il quittait le gouvernement, selon une source chez Renaissance.Emmanuel Macron a besoin de relais.De là à accaparer la lumière…

Plusieurs sources ont raconté comment le président avait rhabillé son idée de « préférendum » devant les chefs de partis. »Il nous a dit qu’il ne savait pas ce que c’était », a relaté le patron des LR, Éric Ciotti.

« Il est chargé du Renouveau démocratique, il est dans son rôle.C’est à lui de proposer des choses », évacue-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron.

Olivier Véran, « il est tout en muscles », observe Émilie Zapalski, spécialiste de communication politique.Mais pour elle, c’est davantage la stratégie macronienne qui est à interroger.

Elle suppute « une confusion entre marketing et communication »: « à chaque fois qu’il parle, il faudrait qu’il annonce quelque chose de bien ».

Classé à gauche dans la Macronie, Olivier Véran a le soutien d’Élisabeth Borne.Celui qui « croi[t] bien » avoir voté François Bayrou au premier tour en 2007 et Nicolas Sarkozy au deuxième est devenu député sous l’étiquette socialiste, suppléant de Geneviève Fioraso en 2012. 

L’avenir ? « Il veut faire de la politique », souligne une ancienne collègue. »Aussi loin que je remonte, j’ai toujours été séduit par l’idée de représenter les autres », confie-t-il dans un livre (« Par-delà les vagues », Robert Laffont). »Je veux seulement avoir mon mot à dire partout où je le peux, dès que cela me concerne ».

Également ministre du Renouveau démocratique -« ministre de la démocratie », simplifie-t-il parfois-, il s’est lancé dans un « tour de France » anti-RN, pour « montrer que la République est partout ».Contrairement à Gérald Darmanin, lui ne croit pas à une victoire de Marine Le Pen en 2027.

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