Nicole Belloubet: ancienne rectrice, ex-Garde des Sceaux, « loyale » à Macron

Paris (AFP) – Nicole Belloubet, nommée rue de Grenelle jeudi, a été Garde des Sceaux mais cette juriste connaît aussi l’éducation: elle fut rectrice d’académie pendant huit ans, avant de démissionner pour protester contre des suppressions de postes d’enseignants.
Mme Belloubet, 68 ans, a succédé en 2017 à la Justice à François Bayrou dans le gouvernement d’Edouard Philippe.A ce poste, cette inconnue du grand public est parvenue à imposer une réforme de la justice contestée, mais a peiné à imprimer sa marque.
Cette professeure de droit public, issue des rangs du Parti socialiste, a commencé sa carrière comme professeure à l’université avant de devenir à 42 ans rectrice de l’académie de Limoges en 1997.Un poste parachevant un parcours académique brillant –elle avait été reçue deuxième de l’agrégation de droit public en 1992.
A la tête de l’académie de Toulouse en 2000, elle démissionne en 2005 avec fracas, critiquant le manque de moyens octroyés par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.
Dans une lettre aux chefs d’établissement, Nicole Belloubet expliquait ne plus trouver la « force de conviction suffisante ».Elle déplorait, de la part de l’exécutif, une absence de cohérence « entre des ambitions affichées et des actes posés concrètement ».
Sa démission était « un acte fort et rare, une forme de courage », estime Jean-Louis Viguier, ex-secrétaire académique du Snes-FSU (premier syndicat des collèges et lycées).Il se souvient « d’une femme engagée, compétente » avec « un côté un peu autoritaire, mais à l’écoute ». »Je suis un peu surpris qu’elle souhaite s’engager sur la politique actuelle du gouvernement », dit-il.
– Racines aveyronnaises –
Autre prise de position, Nicole Belloubet avait critiqué, dans un article de 2016, les « fariboles sur la restauration de l’autorité ou le port de la blouse », défendus aujourd’hui par le gouvernement Attal.
Interrogé sur France 2 jeudi soir à propos de ces déclarations, le Premier ministre Gabriel Attal a estimé qu' »on peut avoir pris des positions par le passé et avoir évolué ». »La première condition pour mes ministres, c’est d’être totalement alignés », a-t-il ajouté.Nicole Belloubet « saura porter cette feuille de route (du gouvernement) au ministère de l’Education nationale ».
Mme Belloubet a porté tout au long de son parcours une attention particulière aux sujets concernant les femmes. De 2000 à 2005, elle préside un comité interministériel de pilotage « pour la promotion de l’égalité des sexes dans le système éducatif ».Elle a aussi rédigé un rapport sur la « lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans les établissements scolaires ».
En parallèle de ses fonctions dans l’enseignement, cette Parisienne très attachée à ses racines aveyronnaises, mère de trois enfants et veuve d’un professeur de droit, a mené une carrière politique à Toulouse, où elle fut première adjointe au maire socialiste Pierre Cohen, entre 2008 et 2010, avant de devenir première vice-présidente de la région Midi-Pyrénées.
Nicole Belloubet a aussi été membre du Conseil constitutionnel, de 2013 à 2017, qu’elle quitte pour devenir ministre de la Justice.
– « Loyale » –
A la Chancellerie, elle fusionne les tribunaux d’instance et de grande instance, créé le parquet national antiterroriste, lance les cours criminelles départementales pour juger les crimes punis de 15 à 20 ans de prison à la place des assises.
Mais sa réforme de la justice, « ambitieuse » selon elle, est qualifiée de « fourre-tout » par ses détracteurs.
La ministre, aux longs cheveux blonds toujours lâchés, s’est mise à dos de nombreux interlocuteurs.Lors de la mobilisation des avocats contre la réforme des retraites, le dialogue a rapidement été rompu.
Cécile Mamelin, vice-présidente de l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), se souvient aujourd’hui de « quelqu’un d’un caractère égal », avec qui « le dialogue était fluide », mais qui « n’avait pas assez de poids » politique « pour obtenir des résultats ».
Donnant cours et conférences depuis son départ du gouvernement, l’ex-Garde des Sceaux affirmait récemment à la Dépêche du midi: « Tant que le président de la République sera là, je resterai loyale à Emmanuel Macron ». »Ce qui ne veut pas dire que j’approuve tout ce qui est fait ».
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