L’opposition à la mairie de Paris fustige une dette à bientôt 10 milliards

Paris (AFP) – L’opposition de droite et du centre à la maire de Paris Anne Hidalgo a dénoncé mardi le niveau d’endettement de la ville qui doit s’approcher des 10 milliards d’euros à la fin de son mandat, en 2026, selon les propres prévisions de la majorité.
La dette « était de 4 milliards d’euros en 2014 », lors de la première élection d’Anne Hidalgo, a rappelé Pierre-Yves Bournazel (Horizons) lors du débat précédant l’adoption du budget 2024, au premier jour du Conseil de Paris.
Estimant qu’elle atteindrait en réalité 12 milliards en 2026, soit une augmentation « de 200% depuis 2013 », Rachida Dati (LR) a souligné que « le poids annuel de la dette se fait de plus en plus lourd ».
Mettant aussi en avant « l’augmentation de la durée de désendettement de la ville », qui a bondi à plus de 15 ans pour 2024, Maud Gatel (MoDem) juge la trajectoire « particulièrement inquiétante » alors que la mairie vient d’augmenter la taxe foncière (+52%).
Dans ce budget à 11,3 milliards, Anne Hidalgo et son adjoint aux finances Paul Simondon ont mis en avant 1,8 milliard d’investissements – en légère hausse – pour financer deux priorités, la transition écologique et le logement.
La dette « doit servir à ne pas laisser aux générations futures une ville qui ne sera plus vivable », a défendu Anne Hidalgo.
L’élue PS a insisté sur le « désengagement de l’Etat » qui représentera en 2024 « une perte de plus de 400 millions d’euros » pour la Ville.
En marge de la séance, M. Simondon (PS) avait rappelé que la trajectoire d’encours de la dette, estimée pour l’heure à 8,8 milliards d’euros pour 2024 puis 9,9 milliards pour 2026, dépendait en partie de celle des droits de mutation à titre onéreux (DMTO), autrement appelés « frais de notaire ».
« Le rythme de reprise du marché de l’immobilier et des recettes de droits de mutation à titre onéreux aura un impact très fort sur cette trajectoire », a-t-il dit à l’AFP.
Le coup d’arrêt des ventes de logements met à mal les finances des communes et des départements qui touchent un pécule à chaque transaction.
Pour l’exécutif de gauche, le manque à gagner s’élève à 300 millions d’euros pour 2023 et explique notamment la contraction à 570 millions d’euros de l’épargne brute, soit la différence entre les recettes (9,82 milliards) et les dépenses (9,25) de fonctionnement.
« La chute des prix de l’immobilier (…) ne fait que rapprocher Paris de l’abîme et du syndrome de Birmingham », a estimé David Alphand (LR), en référence à la ville britannique qui s’est déclarée en faillite début septembre.
La majorité de gauche a voté ce budget où la ligne pour acquérir du foncier, notamment pour des logements sociaux, bénéficie d’une rallonge de 50 millions d’euros pour atteindre 250 millions.
Une voix discordante: l’écologiste Fatoumata Koné, dont le groupe est historiquement opposé aux Jeux olympiques, a regretté le « pognon de dingue » – 118 millions en 2024, selon elle – investi par la mairie dans l’événement sportif.