L'ex-maire de Toulon jugé en appel dans une affaire de détournement de fonds public

Aix-en-Provence (AFP) - Un an après une condamnation qui lui avait fait perdre tous ses mandats, l'ex-maire de Toulon Hubert Falco, soutien d'Emmanuel Macron, sera jugé par la cour d'appel Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) pour une affaire de repas et de pressing réglés avec des fonds publics.
Sur son compte Facebook, l'ex-élu, ancien du parti Les Républicains rallié au camp présidentiel, reconnaissait à l'occasion de la nouvelle année, que 2023 avait été "ô combien difficile et déchirante", espérant que 2024 "soit plus favorable".
Une référence à peine masquée à ses échéances judiciaires.
Le 14 avril 2023, le tribunal correctionnel de Marseille avait estimé qu'il avait "totalement bafoué" son devoir d'exemplarité, le condamnant pour recel de détournement de fonds publics à trois ans d'emprisonnement avec sursis, à la confiscation de 55.000 euros qui avaient été saisis sur son compte et surtout à une peine d'inéligibilité de cinq ans avec exécution provisoire, c'est-à-dire applicable immédiatement.
L'ex-homme fort du Var, qui était au moment de sa condamnation maire de Toulon et président de sa métropole, avait chuté sur cette affaire dit du "frigo de Falco".
Le tribunal de première instance l'a reconnu coupable d'avoir continué à déjeuner gratuitement durant des années à la cafétéria du Conseil départemental, alors qu'il n'en était plus président depuis plus de dix ans, et d'avoir profité de repas à domicile et de frais de pressing, réglés eux aussi sur des fonds publics de cette collectivité.
Au total, ces repas privés servis à Hubert Falco et son épouse, employée du Conseil départemental, auraient coûté au contribuable au moins 64.500 euros entre 2015 et 2018, selon les enquêteurs.
Les faits avaient été révélés par un ancien responsable de la cuisine, qui s'est suicidé durant l'enquête, puis confirmés par d'autres.
- Inéligibilité en question -
Dans le jugement de première instance, le tribunal correctionnel avait estimé que "par son comportement, par son appropriation d'une collectivité et de ses moyens pour satisfaire des intérêts personnels aussi petits soient-ils (...) Hubert Falco a outrepassé gravement ses attributions et ne s'est pas montré digne de ses mandats".
Pour son avocat, Me Fradet, la peine d'inéligibilité, qui cristallisera toute l'attention tant elle conditionne un éventuel retour en politique de son client, était en première instance "disproportionnée par rapport à des affaires similaires".
"Mon client est un homme qui va jouer sa vie lundi et mardi à Aix-en-Provence.C'est l'homme qui joue sa vie, pas le politique", a expliqué à l'AFP Me Fradet.
Pour ce nouveau procès, Hubert Falco "ne conteste pas tous les faits mais une partie", reconnaissant "que tout n'a pas été fait comme il le fallait", ajoute son avocat qui avait fustigé en première instance ce "vent du Nord" qui apporte d'Europe du Nord un modèle de probité "pas forcément adapté à nos moeurs".
La condamnation d'Hubert Falco avait constitué un séisme politique à Toulon, où il avait été réélu trois fois au premier tour et où il se présentait comme un rempart à l'extrême droite, à qui il avait repris la ville en 2001.
L'échéance des municipales en 2026 est désormais dans tous les esprits alors que le Rassemblement national a des ambitions fortes dans le Var.