Immigration: Darmanin épingle le « canyon » entre le « monde médiatico-parisien » et le « pays réel »

Paris (AFP) – Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a dénoncé jeudi le « canyon » existant selon lui entre le « monde médiatico-parisien » et le « pays réel » au sujet de l’immigration, après l’adoption du controversé projet de loi porté par le gouvernement.
« Dans le Nord, je suis dans le pays réel », a déclaré le ministre, en marge d’une réception à Beauvau d’agents du nouvel Office de lutte contre les violences faites aux mineurs.
« Je ne suis pas issu des beaux quartiers de Paris où on regarde les choses de loin », a développé M. Darmanin. »Entre ce que les gens disent à Tourcoing (ville dont il a été maire et où il est toujours élu) et les commentaires que l’on entend dans certains milieux, ce n’est pas un fossé avec le peuple, c’est un canyon », a-t-il ajouté, en pointant le « décalage énorme » du « monde médiatico-parisien ».
« Le populisme d’extrême droite a de beaux jours devant lui », a commenté sur X (ex-Twitter) Olivier Faure, première secrétaire du PS, voyant dans l’allusion au « pays réel » une référence aux thèses de l’écrivain nationaliste et antisémite Charles Maurras, qui opposait le pays « réel » au pays « légal », à ses yeux illégitime.
« La gauche, ça ne peut pas être la gauche sans le peuple », a ajouté M. Darmanin. »La gauche elle est à Tourcoing, ville socialiste pendant 50 ans et qui votait, avant que j’en sois élu, pour le RN ».
« Sur le régalien, les gens de gauche, du peuple, sont pour la fermeté parce qu’ils n’ont que l’Etat pour les protéger », a-t-il estimé.
Le « PS fait aujourd’hui 2% à l’élection présidentielle », a-t-il moqué, alors que l’ancien président socialiste François Hollande a jugé mercredi que son successeur Emmanuel Macron avait pris les « idées » de l’extrême droite avec ce texte.
Avec l’adoption de ce projet de loi, « j’ai le sentiment du devoir accompli », a ajouté M. Darmanin.
« Nous avons obtenu un texte avant la fin de l’année, sans 49.3, dans une assemblée à majorité relative et sans les voix du RN », a-t-il poursuivi, soutenant que le projet de loi aurait été adopté même sans les voix du parti de Marine Le Pen (RN), qui a voté pour. »C’était très dur, très risqué, mais c’est fait.La politique, c’est l’endurance et l’opiniâtreté ».
Il a annoncé qu’il réunirait dès le 4 janvier les préfets à Beauvau « pour commencer à appliquer le texte », notamment en ce qui concerne les « mesures de régularisation ».Le gouvernement insiste depuis mardi sur les « 10.000 régularisations » annuelles que permettrait la nouvelle loi, une manière de mettre en avant une disposition « de gauche » dans un texte droitisé.