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Belloubet veut fermer un collège privé musulman de Nice pour « financement opaque »

Belloubet veut fermer un collège privé musulman de Nice pour « financement opaque »
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Nice (AFP) – La ministre de l’Education nationale Nicole Belloubet a annoncé lundi vouloir faire fermer à Nice un collège privé musulman hors contrat, le collège Avicenne, en raison d' »un problème de financement opaque », « contraire à la loi » antiséparatisme, ce que l’établissement conteste.

« Après plusieurs relances », le collège, doté de quatre classes de la 6e à la 3e selon son site internet, « n’était pas très clair sur ses sources de financement », a estimé Mme Belloubet sur France 2, ce qui est « contraire à la loi de 2021, la loi antiséparatisme ».

« C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à la rectrice de l’académie de Nice d’appliquer avec clarté la loi de 2021 et de proposer au préfet la fermeture de cet établissement en prenant en compte la situation scolaire des élèves », a-t-elle poursuivi.

Dans un communiqué, la direction de l’établissement « s’insurge du procédé » employé par la ministre, consistant à « annoncer dans les médias des mesures sans en aviser ni l’établissement ni les parents des élèves inscrits dans cette école en plein milieu d’année scolaire ».

La ministre a précisé que les autorités allaient « annoncer la fermeture » avec mise en oeuvre « décalée à septembre » pour « pouvoir prendre en charge les élèves » de ce collège situé dans le quartier de l’Ariane à Nice, un des plus pauvres de la ville.

« Le collège Avicenne n’est pas fermé », insiste la direction de l’établissement, ajoutant dans son communiqué qu’elle « mettra tout en oeuvre pour éviter la mesure annoncée » et que le collège « confirmera, une année de plus, l’excellence de son enseignement ».

La rectrice de l’académie de Nice, Natacha Chicot, a souligné lundi que « dès octobre 2022 » avaient été sollicités auprès de l’établissement « les justificatifs prévus par la loi ». »Depuis cette date, malgré nos relances, l’établissement n’a pas été en mesure de justifier une très large partie des financements reçus au cours des années 2021-2022″, a-t-elle ajoutant, faisant part de son intention de « saisir le parquet ».

Une accusation contre laquelle la direction du collège « s’inscrit en faux », assurant que l’établissement est « suivi par un expert-comptable et tient ses comptes à jour auprès de l’administration fiscale depuis son ouverture en 2015 ».

– Aucune situation de radicalisation –

« Le motif qui pourrait entraîner la fermeture de l’établissement tient à la situation comptable et budgétaire.A ce stade il n’y a jamais eu d’alertes sur un éventuel embrigadement ou une situation de radicalisation dans cet établissement » qui accueille « une petite centaine d’élèves », a précisé Mme Chicot.

Christian Estrosi, maire (Horizons) de Nice, a soutenu dans un communiqué « la démarche de fermeté de la ministre vis-à-vis du séparatisme », précisant s’être « opposé à l’agrandissement » de l’établissement il y a quelques mois en raison de son « financement occulte ».

Cette annonce survient quelques mois après la décision du préfet du Nord de mettre fin à compter de la rentrée 2024 aux subventions publiques du lycée Averroès, principal établissement secondaire musulman de France.Une décision de l’Etat confirmée en référé par le tribunal administratif de Lille le 12 février.

L’établissement Averroès a indiqué qu’il saisirait le Conseil d’Etat pour contester cette décision.

Interrogée sur le suivi en France des élèves soupçonnés de radicalisation – la ministre avait estimé le 18 février sur BFMTV qu’environ 500 élèves étaient dans des « processus de radicalisation » dont 160 dans un processus avancé – Mme Belloubet a estimé qu’il y avait « des niveaux différents de radicalisation ».

« Lorsque nous avons un doute, nous suivons de très près ces élèves et les proviseurs et principaux ont des moyens pour les empêcher de rentrer dans les établissements », a-t-elle assuré. 

« Nous suivons vraiment avec une très grande attention leurs comportements en classe.S’il y a des difficultés, nous pouvons aller jusqu’à un certain nombre de procédures disciplinaires », a-t-elle ajouté.

Le ministère étudie en outre la mise en place de « classes spécifiques » pour ces élèves.

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