Vacances en Sicile: peut-on vraiment voyager sans enrichir la mafia?

Malgré l’enracinement extrêmement profond de la mafia sicilienne dans l’économie de l’île, une partie de la population lutte contre son influence. Et offre aux voyageurs une possibilité de la visiter sans participer à cette entreprise de mort.
Haute de 15 mètres, noire comme la mort, cette gigantesque stèle tranche sur le ciel bleu de Palerme, la capitale sicilienne. Dédiées à ceux qui sont tombés dans la lutte contre la mafia (“ai caduti nella lotta contro la mafia”), ses cinquante tonnes d’acier sont un rappel permanent qu’ici, la Cosa nostra n’a rien d’un fantasme romantisé par le cinéma hollywoodien ou d’une organisation basée sur un code d’honneur respectable. Qu’elle tue, extorque et terrifie. Et que si son bilan reste difficile à mesurer, on estime qu’elle a assassiné plusieurs milliers de personnes depuis sa création. Des mafieux bien sûr, mais aussi et surtout des innocents et des personnalités engagées dans la lutte contre son influence criminelle : notamment le président de la région Sicile Piersanti Mattarella en 1980, le préfet de Palerme Carlo Alberto Dalla Chiesa en 1982, ainsi que les deux emblématiques juges antimafia Giovanni Falcone et Paolo Borsellino à quelques mois (...)