Ukraine: nouvelles sanctions américaines contre Moscou, mais Zelensky réclame des armes

Washington (AFP) – Les Etats-Unis ont annoncé vendredi de nouvelles sanctions contre la Russie mais ce sont des missiles et des avions de combat qu’a réclamés d’urgence Volodymyr Zelensky, face à la poussée de l’armée russe dans l’est de l’Ukraine, qui entre dans sa troisième année de guerre.
A Moscou, Vladimir Poutine a de son côté vanté les livraisons croissantes de missiles, de drones, de blindés, d’artillerie et d’autres armements livrés pour mener en Ukraine une lutte victorieuse « pour la vérité et la justice ».
L’Ukraine a cependant affirmé dans la soirée avoir infligé un nouveau camouflet à la Russie en abattant au-dessus de la mer d’Azov un très coûteux avion russe de détection et surveillance radar A-50, l’équivalent des Awacs de l’Otan emportant un radar au-dessus du fuselage.
Si cette information était confirmée – les autorités de la région russe de Krasnodar ont fait état d’un incendie causé par la chute d’un aéronef -, ce serait le deuxième appareil de ce type abattu dans cette zone en un peu plus d’un mois.
Le président ukrainien, qui a néanmoins qualifié cette semaine d' »extrêmement difficile » la situation sur le front, a pressé vendredi ses alliés occidentaux de livrer le plus rapidement possible de nouveaux systèmes de défense antiaérienne et les avions de combat promis de longue date.
« Ce qui est important, c’est que toutes les décisions soient prises à temps », a-t-il souligné à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, alors qu’une nouvelle aide américaine de 60 milliards de dollars est bloquée au Congrès.
« La chose la plus importante est de débloquer le ciel.La défense antiaérienne et les (…) avions y contribueront », a-t-il ajouté, à un moment où l’Ukraine est confrontée à des vagues successives, destructrices et meurtrières, de missiles de croisière, de missiles balistiques et de drones explosifs qu’elle s’épuise à intercepter.
Fragilisée par l’échec de la contre-offensive qu’elle a déclenchée l’été dernier et un manque croissant de munitions et de soldats, l’armée ukrainienne a dû se résoudre la semaine dernière à céder la ville d’Avdiïvka dans l’est, après des mois de combats acharnés.
– Des F-16 « avant l’été » –
M. Zelensky, s’exprimant en compagnie de la Première ministre danoise Mette Frederiksen, a jugé que les retards dans les fournitures d’armes avaient contribué au fait que la contre-attaque ukrainienne n’avait pas réussi.
Présente à Lviv, la Première ministre danoise Mette Frederiksen, dont le pays a été l’un des premiers à annoncer l’envoi à Kiev d’avions de chasse de fabrication américaine F-16, a pour sa part espéré que les premiers pourraient arriver en Ukraine « avant l’été ».
A Bruxelles, l’Union européenne s’est dite « plus que jamais » unie derrière l’Ukraine et a promis de poursuivre son soutien « politique, militaire, financier, économique, diplomatique et humanitaire » pour l’aider à « se défendre, protéger son peuple, ses villes et ses infrastructures essentielles, rétablir son intégrité territoriale (…) et mettre fin à la la guerre ».
Les dirigeants de l’UE ont validé début février une enveloppe supplémentaire pour l’Ukraine de 50 milliards d’euros et ses pays membres participent à des degrés divers, ainsi que le Royaume uni, à son effort de guerre mais c’est aujourd’hui l’aide militaire américaine, bloquée au Congrès par les élus républicains sous la houlette de Donald Trump, qui manque cruellement aux Ukrainiens.
– Salve de sanctions –
Faute de réussir dans l’immédiat à surmonter ce blocage, Joe Biden a annoncé vendredi la plus importante salve de sanctions américaines depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie il y a deux ans, répondant au premier chef à la mort en détention la semaine dernière de l’opposant russe Alexeï Navalny.
« Si Poutine ne paye pas le prix de la mort et de la destruction qu’il répand, il continuera », a souligné le président américain.
Il a fait état de sanctions ciblant « des individus liés à l’emprisonnement de Navalny » mais aussi le « secteur financier russe, l’industrie de défense, les réseaux d’approvisionnement et les auteurs de contournement des sanctions, à travers plusieurs continents » et dans nombre de pays dont la Chine et l’Allemagne.
Les Etats-Unis ont à cet égard sanctionné le même jour 14 pétroliers d’une « flotte fantôme » utilisés par la Russie pour échapper au plafond imposé par les Occidentaux au prix de son pétrole.
« L’Histoire nous observe.L’horloge tourne » et « nous ne pouvons pas tourner le dos maintenant » à l’Ukraine, a martelé M. Biden.
« C’est le moment de montrer que la tyrannie ne triomphera jamais et de dire une nouvelle fois que nous resterons aux côtés de l’Ukraine aujourd’hui et demain », a quant à lui clamé le Premier ministre britannique Rishi Sunak.
– « Nous avons appris à tenir » –
En attendant, les frappes contre l’Ukraine continuent.Un bombardement a fait trois morts à Odessa (sud).
Le Russes ont par ailleurs procédé à une centaine d’attaques ces dernières 24 heures sur le front Est, dont près de la moitié autour de Mariïnka, un nouveau « point chaud », a noté vendredi l’armée ukrainienne.
Si l’armée russe a subi de très lourdes pertes, avec jusqu’à 120.000 morts selon des sources américaines, elle a pu recruter près d’un demi-million d’hommes en 2023 et encore environ 53.000 en janvier 2024, d’après des chiffres officiels.
L’Ukraine a vu elle aussi ses forces amoindries par sa contre-offensive de l’été 2023 et ne parvient pas à regarnir les rangs.
A Kiev, une retraitée, Nina, souligne cependant que l’Ukraine « n’a pas abandonné » après deux ans de combats : « Nous avons appris à tenir, à être plus forts et à y croire ».
A l’ONU, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a accusé vendredi la Russie d' »ignorer la voix de la majorité mondiale » en poursuivant son « agression », tandis qu’une cinquantaine d’Etats affichaient leur soutien à son pays.