Royaume-Uni: élections locales test pour les principaux partis face à la montée de l'extrême droite
Londres (AFP) - Les bureaux de vote ont fermé au Royaume-Uni où se tenaient jeudi des élections locales, premier test pour le parti travailliste au pouvoir depuis 10 mois, mais qui risquent surtout de confirmer l'effondrement du parti conservateur et la montée de l'extrême droite.
Il s'agit du premier scrutin - qui concerne seulement quelques régions d'Angleterre - depuis l'arrivée au pouvoir du Labour (centre-gauche) du Premier ministre Keir Starmer, en juillet dernier.
Les bureaux de vote ont fermé à 22H00 (21H00 GMT) et les premiers résultats sont attendus vendredi au petit matin.Ils ne seront toutefois complets qu'en fin de journée.
Organisées essentiellement dans des terres actuellement dominées par les Torries, les conservateurs, ces élections sont aussi un test pour leur dirigeante Kemi Badenoch, qui a pris les rênes en fin d'année dernière d'une formation à la peine, après sa débâcle aux législatives.
Jusqu'au dernier moment, Mme Badenoch a exhorté ses électeurs à se mobiliser."On se bat pour chaque vote aujourd'hui.Vous avez encore le temps de voter Conservateurs", a-t-elle lancé sur X en fin d'après-midi.
Un peu plus tôt, Keir Starmer avait affirmé sur X que le choix était "clair", entre "des conseillers, maires et députés travaillistes qui peuvreront pour apporter le changement", ou le "chaos et la division avec des partis qui n'ont aucun plan" pour le Royaume-Uni.
Le parti anti-immigration Reform UK, dirigé par le champion du Brexit Nigel Farage, devrait gagner du terrain selon les sondages, de même que les libéraux-démocrates (centristes) et les Verts.Ce qui pourrait confirmer une tendance à un éparpillement des votes, déjà visible lors des législatives.
Selon les enquêtes d'opinion, les Britanniques manifestent une désillusion croissante à l'égard des deux grands partis, préoccupés par le manque de résultats économiques, les chiffres de l'immigration clandestine ou des services publics en difficulté.
Déjà lors des dernières législatives, le Labour a remporté une majorité parlementaire écrasante, mais avec seulement 33,7% des voix, soit la proportion la plus faible pour un parti vainqueur de législatives depuis la Seconde Guerre mondiale.Il n'y a qu'un seul tour, et le vainqueur est le candidat arrivé en tête.
Les conservateurs, eux, ont obtenu 24% des voix et 121 des 650 sièges que compte la chambre des Communes.
Reform UK, le parti de Nigel Farage, a obtenu cinq sièges, un résultat inédit pour un parti d'extrême droite.Les libéraux-démocrates ont gagné 61 députés par rapport à l'élection précédente, et les Verts sont passés de 1 à 4 élus.
Ces résultats signifient que cette "fragmentation est déjà intégrée", explique à l'AFP Rob Ford, professeur de science politique à l'Université de Manchester, qui s'attend à voir "des pertes du côté des conservateurs et des travaillistes".
- "Difficile" -
Un total de 1.641 sièges au sein de collectivités locales sont à pourvoir - sur les 17.000 conseillers locaux que compte l'Angleterre -, ainsi que six sièges de maires et un siège de député dans la région de Runcorn et Helsby (nord-ouest).
Reform UK, qui fait campagne sur la lutte contre l'immigration irrégulière, est le favori des bookmakers pour remporter cette législative partielle, déclenchée par la démission du député travailliste Mike Amesbury, condamné à une peine de prison avec sursis pour avoir frappé un homme lors d'une altercation nocturne.
Après 14 années dans l'opposition, le parti travailliste connaît un retour difficile au pouvoir et Keir Starmer, dont la popularité a plongé dans les sondages, a reconnu qu'il sera "difficile" pour son parti de gagner.
Depuis son retour au pouvoir, le Labour n'a pas réussi à redresser l'économie et son gouvernement a été vivement critiqué pour avoir supprimé certaines aides sociales.
Avec 26% d'intentions de vote au niveau national, Reform UK dépasse désormais les travaillistes (23%) et les Tories (20%), selon un sondage YouGov publié mardi.
Une victoire jeudi aiderait le parti de Nigel Farage à s'ancrer encore davantage en vue des prochaines législatives, qui devraient avoir lieu en 2029.Elle alimenterait également les rumeurs d'une possible coalition avec les Conservateurs.
Ces derniers sont également sous pression des libéraux-démocrates, troisième parti traditionnel, qui espèrent des gains dans les zones prospères du sud du pays.
Et le déplacement des travaillistes vers la droite les expose à la menace croissante des Verts sur leur gauche.
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