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Première visite de druzes syriens en Israël depuis cinquante ans

Première visite de druzes syriens en Israël depuis cinquante ans
Publié le , mis à jour le

Majdal Shams (AFP) - Une délégation de cheikhs druzes syriens est en visite en Israël vendredi pour la première fois depuis cinquante ans sur fond de soutien affiché de l'Etat hébreu à cette communauté religieuse dans la Syrie de l'après Bachar al-Assad.

A bord de trois bus blancs escortés par des véhicules militaires israéliens, plusieurs dizaines de religieux ont traversé la ligne de cessez-le-feu à Majdal Shams, dans la partie du Golan syrien occupée par Israël peu avant 11h30 (09h30 GMT), ont constaté des journalistes de l'AFP.

Selon une source au sein de la communauté druze, ils doivent se rendre dans le nord d'Israël, à Julis, pour y rencontrer le chef religieux des druzes d'Israël, cheikh Mowafaq Tarif, avant d'aller prier près de Tibériade au site du tombeau de Nabi Chouaïb, plus haut lieu saint druze en Israël.

Nabi ("prophète" en arabe) Chouaïb est un des prophètes mentionnés dans le Coran, dont la figure est associée à Jéthro, le beau-père de Moïse, dans le récit biblique. 

Les druzes, adeptes d'une religion ésotérique issue de l'islam, sont répartis entre la Jordanie, le Liban, Israël, et la Syrie.

Dans un entretien à une télévision arabe, le cheikh Tarif a indiqué que la dernière venue de druzes syriens sur la tombe de Nabi Chouaïb remontait à "environ 51 ans", soit vraisemblablement 1973, année de la quatrième guerre israélo-arabe au cours de laquelle la Syrie avait tenté, en vain, de reprendre la partie du Golan conquise par Israël en juin 1967.

A Majdal Shams, les visiteurs ont été accueillis par une centaine de druzes qui ont entonné des chants de bienvenue, tapant dans leurs mains.

- "Moment fort" -

Parmi eux, plusieurs jeunes garçons agitant des drapeaux druzes vert, rouge, jaune, bleu, blanc plus hauts qu'eux, ainsi que des hommes en costume noir traditionnel portant la coiffe blanche et rouge typique des druzes.

"Nous avons attendu ce moment pendant de nombreuses années pour les rencontrer, c'est un moment fort en émotions", a déclaré à l'AFP Jamal Ayoub, 61 ans, agriculteur venu de Galilée (nord d'Israël) pour accueillir un oncle présent dans la délégation.

Mais de l'autre côté de la ligne de démarcation, un communiqué signé d'habitants du village de Hadar a condamné "fermement la visite faite par certains de nos cheikhs en Palestine occupée" (Israël, NDLR).

"Nous n'avons pas oublié et n'oublierons pas les crimes et les violations commis par l'Etat occupant contre notre peuple au Golan, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza", ajoute le texte.

Dès la chute à Damas du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a envoyé des troupes dans une zone tampon démilitarisée du Golan, dans le sud-ouest de la Syrie, à la lisière de la partie de ce plateau occupée par Israël depuis la guerre de 1967, et annexée en 1981.

Seuls les Etats-Unis, sous la première administration de Donald Trump, ont reconnu cette annexion en 2019. 

Israël assure avoir pris le contrôle de la zone tampon pour "défendre" les communautés qui vivent sur le plateau du Golan et les citoyens israéliens. 

- "10.000 colis d'aide" -

Dans le même temps, la communauté druze d'Israël a envoyé à deux reprises de l'aide alimentaire aux druzes syriens via la frontière terrestre, a indiqué la source à l'AFP, précisant que la dernière livraison était parvenue mercredi.

Le porte-parole du gouvernement israélien David Mencer a confirmé jeudi que 10.000 colis d'aide humanitaire avaient été fournis à "la communauté druze dans des zones de combat en Syrie" ces dernières semaines. 

"Israël a une alliance solide avec nos frères et soeurs druzes de Syrie", a-t-il dit lors d'un point-presse.

Les druzes forment une minorité arabophone d'environ 150.000 personnes, dont 24.000 dans le Golan annexé, réputée pour son patriotisme en Israël où ils sont surreprésentés dans l'armée et la police par rapport à leur importance dans la population. 

Début mars, à la suite d’escarmouches dans une banlieue de Damas à majorité druze et chrétienne, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a menacé d'une intervention militaire si les autorités syriennes s'en prenaient aux druzes. 

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie.

Les druzes sont restés en retrait de la guerre civile en Syrie et se sont principalement attachés à protéger leurs territoires.

Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui inclurait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

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