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Les Serbes de Bosnie célèbrent leur « Fête nationale » après des mois de provocations

Les Serbes de Bosnie célèbrent leur « Fête nationale » après des mois de provocations
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Banja Luka (Bosnie-Herzégovine) (AFP) – Trente-deux ans après la proclamation de leur « République », les responsables serbes de Bosnie ont célébré mardi leur fête nationale, faisant fi des condamnations internationales.

Plus de trois mille personnes, dont de nombreux membres des forces de l’ordre, ont défilé dans la soirée dans le centre de Banja Luka (nord), le chef-lieu de l’entité serbe de Bosnie, la Republika Srpska (RS), a constaté un journaliste de l’AFP.

« Ca, c’est la Republika Srpska.Organisée, disciplinée, qui s’aime et qui aime la paix », a lancé son président Milorad Dodik, à plusieurs centaines de policiers alignés face à une estrade réservée aux responsables politiques.

« Le peuple a le droit de marquer de cette façon son Jour de la République.Tous ceux qui essayent de nous en empêcher n’y arriveront pas », a-t-il martelé, ajoutant que « c’est une République qui regarde (…) vers la Serbie, qui regarde vers la Russie ».

Plusieurs milliers de personnes ont bravé les basses températures en soirée pour assister à ce défilé, l’apogée de deux jours de manifestations.

Hostiles à l’idée d’une indépendance de la Bosnie prônée par les Bosniaques et les Croates, au moment de l’éclatement de la Yougoslavie au début des années 1990, des dirigeants politiques des Serbes de Bosnie avaient proclamé, le 9 janvier 1992, leur « République » – qui deviendra la Republika Srpska. 

Trois mois plus tard éclatait un conflit intercommunautaire qui allait durer jusqu’en 1995 et faire 100.000 morts.

Depuis la fin de la guerre, la Bosnie est divisée en deux entités largement autonomes, une serbe et une croato-bosniaque, reliées par les institutions centrales.Sur 3,5 millions d’habitants de ce pays, 1,2 million vivent en RS, dont le territoire constitue près de la moitié de la superficie du pays.

Les dirigeants des Serbes (orthodoxes) célèbrent en grande pompe le 9 janvier, une date jugée en 2015 « discriminatoire » à l’égard des Bosniaques et des Croates par la Cour constitutionnelle bosnienne.

« Nous n’avons pas l’intention d’insulter quiconque, ce n’est pas un caprice », a expliqué Milorad Dodik dans un entretien avec l’AFP.

« La RS existe pour garantir la liberté au peuple serbe », a-t-il encore martelé dans un discours lundi soir, avant de faire applaudir les noms des ex-chefs politique et militaire des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, tous deux condamnés à la perpétuité pour crimes de guerre.

– Orban décoré –

« Il faut marquer ce jour », affirme Mara Radjen, une retraitée de 65 ans à Banja Luka. »Notre Republika Srpska a été fondée grâce à notre armée, à nos militaires, nos héros.Ils se sont battus pour la Republika Srpska et nous devons aussi lui rendre hommage aujourd’hui ».

C’est la fête de « notre Republika Srpska, pour laquelle 23.000 soldats sont morts.Elle signifie une grande liberté pour le peuple serbe, la liberté qui ne peut être payée par rien au monde », balaye Oliver Milakovic, un ancien combattant de 58 ans.

L’ambassade des Etats-Unis à Sarajevo a rappelé mardi le caractère inconstitutionnel de ces célébrations, espérant que « les autorités compétentes enquêtent sur toute violation » de la législation. 

« La Journée de la RS n’est pas conforme à la Constitution de la Bosnie-Herzégovine », a de son côté rappelé Peter Stano, le porte-parole du chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell.

Mais Milorad Dodik, à la tête de l’entité depuis 2006, ne fait que peu de cas des décisions de l’Etat central et de la Cour constitutionnelle, ou des menaces européennes.

Ces derniers mois, il a annoncé qu’il voulait organiser ses propres élections et mettre la main sur les biens de l’Etat central sis sur le territoire de la RS.Selon lui, la Bosnie se dirige vers une « séparation dans la paix ».

Il a également multiplié les insultes à l’encontre du Haut représentant international chargé de faire respecter les accords de paix de Dayton (1995) et de l’ambassadeur américain, tout en affichant son admiration pour le président russe Vladimir Poutine.

M. Dodik, sous sanctions américaines, est aussi un proche du président serbe Aleksandar Vucic.Il était ainsi à sa droite lorsque celui-ci a annoncé la victoire, contestée, de son parti aux élections législatives en Serbie, mi-décembre. 

Au programme mardi soir : des feux d’artifice dans plusieurs villes de RS, ainsi qu’à Belgrade. 

Milorad Dodik a choisi mardi de décorer le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, de la plus haute distinction de l’entité.Qu’il avait l’an dernier décernée à Vladimir Poutine.

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