Les Etats-Unis ont frappé des sites nucléaires iraniens clés

Washington (AFP) - Les Etats-Unis ont bombardé dimanche trois sites névralgiques du programme nucléaire iranien, des frappes qui auront des "conséquences éternelles", a prévenu Téhéran, au dixième jour de la guerre entre l'Iran et Israël.
Quelques heures plus tard, la télévision d'Etat iranienne a fait état du tir de 30 missiles sur Israël où 16 blessés ont été recensés par les services de secours israéliens.
Après avoir entretenu le doute pendant des jours sur une éventuelle attaque en Iran, réclamée par son allié israélien, le président américain Donald Trump a annoncé que les installations d'enrichissement nucléaire du pays, soupçonné par les Occidentaux de vouloir se doter de l'arme atomique, avaient été "totalement détruites" par les frappes américaines.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est inquiété d'une "dangereuse escalade" appelant à éviter "une spirale de chaos".
Après les tirs de missiles sur Israël, les sirènes d'alertes antiaériennes ont retenti à Tel-Aviv, et de fortes explosions ont été entendues de Jérusalem par des journalistes de l'AFP.
Les forces armées iraniennes ont déclaré avoir notamment ciblé l'aéroport international Ben Gourion, près de Tel-Aviv.
L'armée israélienne a dit oeuvrer à intercepter les missiles, appelé la population des zones visées à se rendre aux abris et annoncé une nouvelle série de frappes.
Une organisation de premiers secours israélienne a annoncé avoir pris en charge 16 blessé et la chaîne publique KAN 11 a diffusé des images d'importants dégâts "dans le centre du pays", dont un immeuble de plusieurs étages à la façade totalement détruite entouré de bâtiments gravement endommagés.
- "Faire maintenant la paix" -
"Les installations essentielles d'enrichissement nucléaire de l'Iran ont été intégralement et totalement détruites.L'Iran, le caïd du Moyen-Orient, doit maintenant faire la paix", a déclaré Donald Trump à la Maison Blanche.
"S'ils ne le font pas, les prochaines attaques seront bien plus importantes", a-t-il menacé l'Iran, affirmant que le pays a le choix entre "la paix ou la tragédie".
Les Etats-Unis ont mené une attaque "très réussie" sur trois sites nucléaires iraniens, s'était-il prévalu auparavant.
"Une pleine charge de bombes a été larguée sur le site principal, Fordo", une usine d'enrichissement d'uranium enfouie sous une montagne et au coeur du programme nucléaire de Téhéran, avait-il poursuivi. Les deux autres sites visés sont Natanz, le plus connu des sites d'enrichissement, et Ispahan, où est installé un site de conversion d'uranium près de la ville historique du centre du pays.
Des médias iraniens ont confirmé les attaques sur ces trois sites.
L'autorité iranienne de sécurité nucléaire, dépendante de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, a affirmé n'y avoir détecté "aucun signe de contamination" et assuré qu'il n'y avait "aucun danger" pour la population.
"Aucune hausse des niveaux de radiation n'a été signalée" aux abords des trois sites, a également indiqué l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
- Bombardiers B-2 -
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a félicité dans un message vidéo son homologue américain pour cette attaque.Elle s'est faite "en parfaite coordination" avec Israël, a-t-il relevé.
M. Trump impose ainsi un "tournant historique qui peut aider à conduire le Moyen-Orient et au-delà vers un avenir de prospérité et de paix", a-t-il encore assuré.
Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi a condamné des "événements scandaleux (qui) auront des conséquences éternelles", dénonçant le "comportement extrêmement dangereux, anarchique et criminel" de Washington.
"L'Iran se réserve toutes les options pour défendre sa souveraineté, ses intérêts et son peuple", a-t-il ajouté.
Les attaques américaines "n'arrêteront pas" les activités nucléaires de l'Iran, a également affirmé l'Organisation de l'énergie atomique du pays.
Les experts s'accordent sur le fait que seuls les Etats-Unis avaient la capacité de détruire les installations nucléaires iraniennes profondément enfouies comme Fordo.
Des avions bombardiers B-2, qui avaient décollé dans la nuit d'une base aux Etats-Unis, ont participé à l'attaque, ont rapporté des médias américains citant des sources non identifiées.
Donald Trump avait dit vendredi donner au "maximum" deux semaines à l'Iran pour éviter d'éventuelles frappes américaines, mais a finalement décidé d'aller de l'avant aux côtés de son allié israélien, fort du constat selon lui que l'Iran était "à quelques semaines, voire quelques mois" de l'arme atomique.
Jusqu'à présent, Washington s'était contenté d'apporter une aide défensive à Israël face aux missiles iraniens.
Après l'attaque américaine, Israël a fermé son espace aérien et relevé son niveau d'alerte sur tout le territoire, où ne sont désormais plus autorisées jusqu'à nouvel ordre que les activités dites essentielles.
Assurant que son ennemi juré était sur le point d'obtenir l'arme atomique, Israël a lancé le 13 juin une attaque massive contre des centaines de sites militaires et nucléaires, tuant les plus hauts gradés du pays et des scientifiques de l'atome.Depuis, les frappes israéliennes sur les cibles en Iran sont quotidiennes.
L'Iran, qui dément vouloir se doter de l'arme atomique et défend son droit à un programme nucléaire civil, a riposté par des vagues d'attaques de drones et de missiles balistiques sur le territoire israélien, la plupart interceptés par les systèmes de défense.
Israël, qui maintient l'ambiguïté sur sa possession de l'arme atomique, détient 90 ogives nucléaires, selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.
Côté iranien, la guerre a fait plus de 400 morts et 3.056 blessés, en majorité des civils, a indiqué samedi le ministère de la Santé.
Les tirs iraniens sur Israël ont fait 25 morts, selon les autorités.
L'Iran et ses alliés avaient menacé de représailles contre les intérêts américains au Moyen-Orient si les Etats-Unis décidaient d'intervenir directement dans le conflit.
Selon un responsable américain, la mission diplomatique américaine en Irak a encore réduit son personnel.