L'écrivain franco-algérien Kamel Daoud dénonce une "persécution judiciaire"

Paris (AFP) - Visé par deux mandats d'arrêt internationaux émis par l'Algérie et une plainte en France, l'écrivain franco-algérien Kamel Daoud, accusé par une femme d'avoir volé son histoire pour son roman "Houris", a dénoncé lundi "une forme de persécution judiciaire" auprès du journal français Le Figaro.
Le lauréat du prix Goncourt en 2024 a également estimé que ces poursuites étaient "une façon de l'enfermer dans un labyrinthe de procédures".
La justice algérienne a lancé deux mandats d'arrêts internationaux contre Kamel Daoud et son épouse psychiatre, afin de les faire juger pour violation de la vie privée d'une plaignante algérienne, qui les accuse d'avoir utilisé le récit de sa vie pour "Houris".
Cette plaignante, Saâda Arbane, est une rescapée d'un massacre pendant la décennie noire de guerre civile en Algérie.
"Je ne cherche pas à censurer un écrivain, je cherche à faire reconnaître un préjudice réel et très grave", avait-elle plaidé dans un entretien dimanche à l'AFP.
Apprenant être visé par ces mandats d'arrêt, Kamel Daoud avait aussitôt indiqué par la voix de son avocate qu'il allait les contester auprès d'Interpol.
Une procédure civile pour le même motif est en cours devant le tribunal judiciaire de Paris.Une première audience de procédure a eu lieu mercredi et la prochaine aura lieu le 10 septembre.
Kamel Daoud avait affirmé mi-décembre sur la radio France Inter que "tout le monde connaît (cette) histoire en Algérie, et surtout à Oran.C'est une histoire publique".
"Le fait qu'elle se reconnaisse dans un roman qui ne la cite pas, qui ne raconte pas sa vie, qui ne raconte pas les détails de sa vie, je suis désolé", avait poursuivi l'écrivain.
"Houris", qui désigne dans la foi musulmane les jeunes filles promises au paradis, est un roman sombre se déroulant en partie à Oran sur le destin d'Aube, jeune femme muette depuis qu'un islamiste lui a tranché la gorge le 31 décembre 1999.
Il ne peut pas être édité en Algérie, car il tombe sous le coup d'une loi interdisant tout ouvrage sur la décennie noire, qui a eu lieu entre 1992 et 2002 et a fait au moins 200.000 morts, selon des chiffres officiels.