Le pro-européen Nicusor Dan investi président de la Roumanie

Bucarest (AFP) - Une semaine après sa victoire contre son rival nationaliste, le maire pro-européen de Bucarest Nicusor Dan va prêter serment lundi pour devenir le nouveau président de la Roumanie et un rempart face à "l'influence russe".
A 55 ans, ce mathématicien formé à Normale Sup et à la Sorbonne, une grande école et une université parisiennes, accède au poste suprême dans un pays meurtri par des mois de bataille politique et confronté au déficit le plus lourd de l'UE.
Signe de ce climat tendu, la gendarmerie se tenait en alerte lundi après l'appel à des manifestations par des centaines d'abonnés de la plateforme TikTok, sans s'attendre à de grands rassemblements en raison du temps pluvieux.
"Nous résisterons!", a lancé dimanche soir sur X le candidat d'extrême droite vaincu au second tour, George Simion.
Fort d'un score de plus de 40% au premier tour, il avait la victoire à portée de main mais la forte mobilisation des électeurs attachés aux valeurs européennes a changé la donne.
"Chaque jour, nous sommes de plus en plus nombreux", estime pourtant le souverainiste de 38 ans, promettant de ne pas baisser les bras après l'échec de son recours en justice au motif "d'ingérences extérieures", notamment de la France.
Deux poids deux mesures, selon lui, car un premier scrutin le 24 novembre avait été annulé, les autorités évoquant des suspicions d'influence russe après l'arrivée en tête surprise d'un ex-haut fonctionnaire du même bord que George Simion, Calin Georgescu.
- Contre "l'isolationnisme" -
Face à ces accusations de "coup d’État", Nicusor Dan a insisté sur la nécessité de réconcilier les "deux Roumanie".
Après la cérémonie organisée dans l'imposant bâtiment du Parlement, prévue à 12H00 (09H00 GMT), il doit se rendre au palais Cotroceni pour une passation de pouvoirs avec le président par intérim Ilie Bolojan, possible futur Premier ministre.
Car Nicusor Dan a désormais la rude tâche de mener des négociations pour nommer un chef du gouvernement après l'éclatement dans l'entre-deux tours de la coalition au pouvoir, composée notamment des sociaux-démocrates et des libéraux.
Ce fervent Européen et soutien de l'Ukraine voisine, qui va siéger aux sommets de l'UE et de l'Otan, compte aussi peser sur la scène internationale.Il s'est rendu dimanche à Varsovie pour soutenir son alter ego polonais, le maire Rafal Trzaskowski, qui aspire à la présidence polonaise dimanche prochain.
"La semaine dernière, nous avons remporté les élections roumaines.La population a rejeté l'isolationnisme et l'influence russe", a-t-il déclaré sur scène devant des milliers de personnes, souhaitant le même dénouement en Pologne.
Au programme également, la lutte contre la corruption qui mine l’État de 19 millions d'habitants et a motivé le vote protestataire de nombreux habitants des campagnes.
Cet ancien militant anti-corruption a fait campagne sur le slogan d'une Roumanie "honnête".
Soucieux d'offrir une autre image après des décennies de gestion "arrogante", il continue à accompagner à pied sa fille de neuf ans à l'école, symbole du "nouveau chapitre" qu'il veut construire.
Il joue sur son naturel réservé qui lui a valu des critiques pendant la campagne, mais qui s'est révélé être un atout face aux invectives de l'ex-hooligan George Simion.