Harris et Trump se rendent coup pour coup sur le droit des femmes et les immigrés
Las Vegas (États-Unis) (AFP) - Kamala Harris a vivement répondu jeudi à Donald Trump sur les droits des femmes et des immigrés, deux thèmes cruciaux d'une campagne présidentielle américaine très tendue, où la candidate démocrate et son rival républicain se rendent coup pour coup.
A cinq jours d'une élection à l'issue imprévisible et aux suites potentiellement violentes, les adversaires sont engagés dans une course-poursuite serrée à travers les sept Etats clés.
Ils étaient jeudi dans deux d'entre eux, Nevada et Arizona (sud-ouest), notamment pour séduire l'électorat latino-américain.
A Las Vegas, la vice-présidente démocrate a été soutenue par la star Jennifer Lopez, face à une foule enthousiaste scandant "Si, se puede!" (Oui c'est possible!), rappelant le célèbre slogan "Yes we can" de Barack Obama.
Kamala Harris, 60 ans, continue de vouloir mobiliser les femmes en promettant de rétablir le droit fédéral à l'avortement, face à Donald Trump, 78 ans, coutumier des sorties sexistes et condamné au civil en 2023 à New York à des dizaines de millions de dollars de dédommagement pour agression sexuelle.
"Nous savons que cet homme ne respecte tout simplement pas la liberté des femmes ou l'intelligence des femmes pour prendre des décisions concernant leur propre vie", a-t-elle taclé jeudi soir à Las Vegas."Et nous savons que s'il était élu, il interdirait l'avortement dans tout le pays"
Son équipe a fait circuler jeudi un passage d'un meeting de Donald Trump la veille où il se moquait de ses propres conseillers lui demandant d'arrêter de se présenter en "protecteur" des femmes."Je vais le faire que cela plaise ou non aux femmes", avait alors répliqué M. Trump.
Sa rivale a jugé ces remarques "très insultantes", lors de meeting plus tôt dans la journée à Phoenix et Reno.
- "Invasion" -
Autre thème central de la campagne: l'immigration.
Donald Trump, tribun populiste à la rhétorique de plus en plus autoritaire et d'extrême droite, a de nouveau promis lors d'un meeting à Albuquerque (Nouveau-Mexique), non loin du Mexique, de mettre fin à une "invasion" de millions de clandestins et de les expulser.
Une antienne répétée à Glendale, en Arizona, où il a accusé les immigrés d'avoir provoqué une vague de criminalité - ce qu'aucune statistique officielle ne montre.
"Les prisons du monde entier sont vidées pour être déversées dans notre pays", a-t-il assuré, en dépeignant une Amérique submergée par les "meurtriers" et les "trafiquants de drogue".
La faute selon lui à Kamala Harris, une dirigeante "bête comme ses pieds" et dont la politique de "frontière ouverte" avec le Mexique aurait totalement failli.
Le milliardaire a continué d'alimenter la polémique de la semaine déclenchée dimanche à New York par un humoriste trumpiste qui avait qualifié le territoire américain de Porto-Rico d'"île flottante d'ordures".Le président Biden y avait répondu en traitant des partisans de Donald Trump d'"ordures", avant que Kamala Harris ne tente de corriger le tir.
A Las Vegas, Mme Harris a reçu le soutien de la superstar portoricaine Jennifer Lopez, qui s'est servi de cette controverse pour appeler tous les latino-américains à voter démocrate.
"Ce ne sont pas seulement les Portoricains qui ont été offensés ce jour-là", a lancé la chanteuse."C'était tous les Latinos de ce pays ! C'était l'humanité et toute personne de bonne moralité !"
Plus tôt à Las Vegas, Donald Trump a confirmé avoir saisi la justice jeudi à propos d'une interview donnée début octobre par Kamala Harris dans l'émission "60 Minutes" de la chaîne CBS.Il demande 10 milliards de dollars de compensation pour ce qu'il estime être de l'ingérence électorale.
Selon cette plainte, la démocrate aurait répondu de façon confuse à une question sur l'influence de l'administration Biden sur la guerre menée par Israël à Gaza, et CBS aurait édité cette réponse afin de faire disparaître cette "salade verbale".
- "Tricherie" -
Dans une campagne de plus en plus tendue et observée dans le monde entier, les candidats s'accusent depuis des semaines de fracturer les Etats-Unis, et les sondages les donnent à égalité.
Quelque 65 millions d'Américains ont déjà voté par correspondance et de manière anticipée.En 2020, 155 millions s'étaient prononcés pour la présidentielle, une élection complexe au suffrage universel indirect.
A l'approche de l'élection, l'inquiétude monte autour d'une possible contestation violente si la victoire devait échapper à Donald Trump.Des centres électoraux des comtés d'Etats clés les plus disputés, cibles il y a quatre ans de vives tensions, se sont mués en forteresses, protégés par des clôtures en fer forgé et des détecteurs de métaux.
M. Trump, qui n'a jamais reconnu sa défaite en 2020, a déjà parlé de "tricherie" en Pennsylvanie.
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