Fiction réaliste: dans la peau d’une recrue du KGB en pleine guerre froide
En s'appuyant sur des travaux d'historiens, notre journaliste remonte les couloirs du temps pour se glisser dans la peau d'un personnage inventé qui incarne son époque. Ici, le destin d’un espion du KGB sous Brejnev.
"Vous vous demanderez peut-être pourquoi un garçon comme moi, de 20 ans à l’époque, d’une bonne famille moscovite, avait décidé de faire carrière au KGB. La réponse est simple : c’était pour moi l’assurance d’une belle promotion sociale, d’un grade dans l’armée, la possibilité de partir vivre à l’étranger, de gagner l’équivalent de 80 000 dollars par an, quand le salaire moyen à Moscou tournait autour des 6 000 dollars !
À vrai dire, on ne choisissait pas d’entrer au KGB. C’est le KGB qui nous choisissait, dans le grand vivier de la jeunesse soviétique. L’URSS avait un besoin pressant d’espions – entre autres pour combler certains retards technologiques. Elle cherchait à repérer, dès leur âge le plus tendre, les éléments prometteurs. À ce jeu, c’est vrai que moi, Serguei Mikhailevitch Plotov, j’étais plutôt bien placé. Mes parents étaient au Parti depuis toujours. J’avais été membre actif du Komsomol, les jeunesses communistes. On m’avait vu coller des affiches pour les (...)
